Les années passent et se ressemblent sur un point dans la Tech africaine : les startups du continent récoltent toujours plus d’argent. Cette croissance est d’ailleurs un constat sur lequel se rejoignent les différents rapports publiés sur la question. Et selon la dernière étude du fonds Partech Africa, 2022 a été encore un bon millésime pour les jeunes pousses africaines. Selon le document, ces dernières ont récolé 6,5 milliards de dollars, soit 6 milliards d’euros, en dette et en capitaux propres, soit une progression de 8% par rapport à l’année précédente. Le montant global augmente, le nombre de transactions aussi et les investisseurs sont également plus nombreux.
Mais tous les voyants ne sont pas au vert. En effet, l’augmentation globale est due à une progression du financement par la dette (multiplié par deux), car le financement par capital-risque, lui, est en léger recul. Ainsi, en 2022, 653 startups africaines ont levé 4,9 milliards de dollars, contre 5,2 milliards l’année passée (-6%). Ce ralentissement, nous le constations dès le troisième trimestre l’année dernière. Ce que confirme Partech : après un début d’année en fanfare, les jeunes pousses d’Afrique ont vu les montants levés diminuer de 65%, puis de 35%, en glissement annuel, au cours du second semestre.
A toutes les phases de développement, ou presque, les startups africaines font tout de même bonne figure. « A hauteur de 1,4 million de dollars, le montant moyen des transactions d’amorçage a augmenté en 2022 [+12 % en glissement annuel], tandis que la série A est restée inchangée, à hauteur de 8,5 millions de dollars. Les phases ultérieures sont revenues aux niveaux de 2019, les volumes de séries B et des opérations de growth ayant respectivement baissé de -23% et de – 50% en glissement annuel. En outre, 2022 a vu une réduction significative du nombre de méga-tours [dépassant les 100 millions], avec seulement 7 transactions contre 14 en 2021. » Les méga-tours, c’était justement ce qui avait permis le record de levées de fonds battu l’année dernière…
La hiérarchie respectée
Qui récolte le gros lot ? Du côté des pays, le « Big Four » (Nigeria, Kenya, Egypte et Afrique du Sud) concentrent l’essentiel des financements (72% du total). Les startups nigérianes restent les plus attractives d’Afrique aux yeux des investisseurs, ce sont elles qui ont récolté le plus d’argent et enregistré le plus grand nombre de transactions. Le reste du gâteau se partage essentiellement entre quatre pays : le Ghana et ses 200 millions de dollars réunis, mais aussi l’Algérie, qui doit sa sixième place à la levée record de Yassir, la Tunisie et le Sénégal. D’ailleurs, les startups d’Afrique francophone ont récolté la moitié des sommes levées hors-« Big Four ».
Côté secteurs, pas de grosse surprise non plus. La Fintech, qui tire chaque année les financements, conserve son statut de tête de gondole (39% du total en capital-risque). Mais elle a néanmoins fait les frais de la baisse des méga-tours, nous dit le rapport de Partech. D’autres ont bénéficié d’un nouvel élan post-pandémie, comme la Cleantech, qui capte 18% des sommes levées en equity.
A noter enfin, toujours dans le financement par capital-risque, que si les sociétés fondées par des femmes comptent pour 22% des transactions passées l’année dernière, le montant total levé, lui, est en baisse de 3%…