Trois leçons à tirer du parcours d’Anka, la startup ivoirienne d’e-commerce très en vue

[Article issu de la Newsletter] « Soulagé ». Moulaye Tabouré se disait franchement « soulagé » quelques jours après qu’Anka, la startup d’e-commerce qu’il a cofondée avec Abdoul Kadry Diallo, a annoncé une levée de fonds de 5 millions d’euros. Même « s’il y avait un plan B », avoue l’entrepreneur dans un Space sur X (très instructif), « quand vous nous voyez lever de l’argent, c’est qu’on en a vraiment besoin »… 

Anka est un bon exemple de parcours (jusque-là réussi) de startup en Afrique francophone. Rappelons que les jeunes pousses de cette zone n’ont certes pas l’attractivité de leurs consœurs du Nigeria, Kenya ou encore d’Afrique du Sud – notamment en raison de la taille du marché et de la langue de travail -, mais que d’année en année, elles attirent toujours plus d’investisseurs. Une bonne nouvelle ? Oui, si on aligne consciencieusement ses besoins avec les offres de financement. Sinon, on risque une trop grande dilution de ses parts dans le capital de l’entreprise. « On a déjà beaucoup dilué, parce qu’on a déjà levé beaucoup de fonds », reconnaît Moulaye Tabouré. Désormais, ce sera juste ce qu’il faut.

L’argent, justement. Il faut en générer dès que possible. C’est le deuxième conseil issu de ce parcours entrepreneurial, conseil prodigué par le fondateur lui-même aux startups d’Afrique francophone. Et ce particulièrement en plein « hiver du financement ». « Il faut être fourmi » et être « le plus rapidement rentable », pour ne pas que le « financement que vous cherchez soit indispensable à votre survie ». Sans « oublier » de verser les salaires, sacrifice forcé dans certaines sociétés. La plateforme initiale, Afrikrea, lancée en 2016, une importante marketplace de promotion de l’artisanat africain, a démarré avec un modèle d’affaires simple : 9% de commission sur les ventes, et c’est tout (contrairement, par exemple, à Etsy qui facture l’espace). Ensuite, il fallait viser un volume de transactions suffisant. La rentabilité a été atteinte trois ans plus tard.

Enfin, la startup ivoirienne a aussi expérimenté des « pivots », moments où le business-model et / ou l’offre de produits ou services est appelé à évoluer. Chez Anka, cela a pris la forme d’une diversification. Afrikrea n’est ainsi « plus » qu’un service parmi d’autres – « et pas le plus gros, puisque le plus gros est la livraison » [de produits artisanaux, dans et hors Afrikrea, NDLR]. Si diversifier ses activités (et donc ses revenus) peut rassurer les investisseurs, cela ne peut pas se faire au détriment des clients initiaux : « Je ne peux pas dire aux clients d’Afrikrea, désolé les gars, on ferme tout, je vais lancer de nouveaux produits », justifie Moulaye Tabouré sur le Space. Il est donc indispensable de distinguer, en termes d’efforts à consentir, « la maintenance, de l’évolution ».

Des conseils, Anka et ses fondateurs en ont surement à revendre, là aussi. D’ailleurs, ils avaient édité, en 2018, un livre blanc de l’e-commerce de la mode africaine, déjà riche d’enseignements. Sans doute en auront-ils d’autres, au cours de la phase d’expansion qu’ils ont commencé à initier au Kenya et au Nigeria, dont les produits s’exportent très bien vers les Etats-Unis. (Photo: Afrikrea)

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