Le géant californien vient de céder sur un point qu’il défendait depuis quinze ans : aux États‑Unis, les éditeurs d’applications iOS peuvent désormais orienter leurs utilisateurs vers une plateforme de paiement externe, sans qu’Apple ne prélève la moindre commission. La mesure, officialisée le 2 mai par une mise à jour des règles publiées sur le site développeurs, marque « un changement majeur » pour l’écosystème iPhone et répond directement à une injonction judiciaire vieille de plus de trois ans.
Tout est parti d’un arrêt prononcé en septembre 2021 par la juge fédérale d’Oakland, Yvonne Gonzalez Rogers : Apple, rappelait‑elle mercredi 30 avril, ne peut plus contraindre les créateurs à passer par l’App Store ni par son système de paiement interne, grevé d’une commission moyenne de 30 %. Accusé de traîner les pieds, le groupe se voit sommé d’ouvrir les iPhone à des boutiques concurrentes et de retirer toute commission sur les transactions hors App Store.
Jusqu’alors, la firme s’était contentée d’une demi‑mesure : certains développeurs pouvaient rediriger vers un formulaire Web, mais Apple conservait une ponction de 27 %. Le nouveau règlement fait tomber ce taux à zéro et interdit, par la même décision, l’envoi de messages jugés dissuasifs aux utilisateurs qui choisissent une voie alternative ; seule une notification neutre reste autorisée. Pour l’heure, le périmètre est limité au marché américain, mais la société indique qu’elle « prévoit de faire appel », signe qu’elle n’entend pas renoncer sans bataille à ce modèle économique.
Le défi est de taille : l’activité « services » – App Store, Apple Music, Apple TV, iCloud – représente déjà 28 % des revenus d’Apple et constitue l’un de ses relais de croissance les plus rentables. L’exclusivité de la boutique était jusqu’ici une source de revenus quasi captive ; en bouleversant la mécanique des commissions, la justice vient tester la dépendance financière de la marque à la pomme, qui promet néanmoins de se mettre « en conformité » tout en poursuivant la procédure d’appel.
Pour les développeurs africains, souvent confrontés à la retenue de devises et à la pauvreté des moyens de paiement locaux, l’allègement des barrières pourrait représenter une fenêtre stratégique : proposer directement des abonnements ou contenus premium aux utilisateurs américains, où se concentre plus de 40 % des dépenses mondiales sur mobile, sans avancer la commission standard de 30 %.