Harmattan : le pari blockchain du Maroc… aux multiples déboires

Et si la première « capitale de la blockchain » se trouvait en Afrique ? A Dakhla, plus précisément, ville côtière au sud du Sahara occidental. Depuis juillet 2018, un projet de construction d’un parc éolien de 900 MW sur une superficie de 11,313 Ha pour alimenter des serveurs dédiés aux technologies blockchain se dessine dans cette cité balnéaire administrée par le Maroc.

A la manœuvre de ce projet, baptisé Harmattan, la société polonaise AM Wind et Soluna Technologies, une startup américaine contrôlée par le fonds d’investissement Brookstone Partners. Après deux ans sans aucune nouvelle du projet, le PDG de Soluna John Belizaire a fait état de son avancement le 9 décembre, lors d’un webinaire organisé par sa société. Cette infrastructure, dont la pré-construction débutera mi-2021, ne sera « pas une ferme de bitcoins et aucun bitcoin ne sera produit au Maroc », a-t-il précisé, mais sera dédiée à la fourniture de capacités de calcul aux réseaux mondiaux de la blockchain, dans « l’une des régions les plus prometteuses pour la production d’énergie renouvelable dans le monde ». Elle devrait générer plus de 400 emplois directs hautement qualifiés et faire de la cité balnéaire un futur hub des technologies blockchain en Afrique et dans le monde. Soluna prévoit également de mettre en place un centre d’excellence local développant une expertise, en matière de technologie de la blockchain. « Plus de 10 millions de dollars ont été investis dans des efforts de développement, a ajouté le PDG.

Pendant ces plus de deux ans de silence, l’entreprise s’est focalisée sur la phase recherche et développement, portant notamment sur l’exploitation des mesures du vent selon les standards de l’Energy Union Choices (EUC) et les relevés topographiques, en plus d’une ingénierie détaillée du projet, ainsi que les études de faisabilité et l’étude d’impact environnemental, a indiqué John Belizaire. Ce discours officiel cache toutefois une autre réalité. L’absence de communication vis-à-vis de l’avancement du projet durant les deux années suivant l’annonce de sa création est aussi liée a deux – gros – contretemps.

Le premier vient de blocages administratifs : l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), qui coordonne l’ensemble des administrations marocaines parties prenantes du projet n’a toujours pas signé la convention d’investissement. Un retard que Soluna dit « comprendre » étant donné « la complexité du projet, de sa taille, du nombre d’administrations concernées », a indiqué John Belizaire a Medias24.

Plus inquiétant, avant même qu’il ne commence, le projet Harmattan a créé des dissensions au sein de Brookstone Partners. Une bataille judiciaire a éclaté, opposant Michael Toporek, actionnaire américain de Brookstone Partners Morocco et Omar Belmamoun, son PDG. Ce dernier invoque la paternité du projet et accuse son associé de l’avoir détourné. Une procédure d’arbitrage est en vue, après une action pénale non concluante. Il ne reste plus qu’a espérer que John Belizaire dise vrai et que, désormais, le projet Harmattan fasse davantage parler de lui pour son avancement que pour les désaccords des acteurs impliqués. (Photo : Soluna Technologies)

Related Posts

Laissez un commentaire