Chaque année, les startups africaines spécialisées dans les services financiers raflent l’essentiel des levées de fonds sur le continent. Selon le fonds Partech Partners, elles ont encore capté, en 2021, 63% des financements. L’attrait démesuré des investisseurs pour ces jeunes pousses n’est en rien irrationnel, nous dit un tout récent rapport de McKinsey. Selon celui-ci, le marché des services financiers en Afrique pourrait croître d’environ 10% par an, atteignant environ 230 milliards de dollars (232 milliards d’euros) d’ici 2025.
Selon le cabinet de conseil américain, les Fintechs africaines ont déjà fait des percées significatives, « avec des revenus estimés d’environ 4 à 6 milliards de dollars en 2020 et des niveaux de pénétration moyens compris entre 3 et 5% (hors Afrique du Sud) ». Et le potentiel de croissance est exceptionnel, surtout lorsque l’on sait que 90% des transactions en Afrique se font encore en espèces. En bout de course, ces entreprises pourraient voir leurs revenus multiplier par huit en 2025, par rapport à 2020.
Pour tablier sur un marché de 230 milliards de dollars à l’horizon des trois ans, McKinsey prend plusieurs facteurs en compte : une population qui s’urbanise et se rajeunit encore, la possession de smartphones qui s’accroît, les coûts de l’internet qui diminuent et la couverture réseau qui s’étend sur le continent. Cet essor s’explique aussi par le fait que « les acteurs de la Fintech apportent une valeur significative à leurs clients », notent les auteurs : « leurs solutions transactionnelles peuvent être jusqu’à 80 % moins chères et les intérêts sur l’épargne jusqu’à trois fois plus élevés que ceux proposés par les acteurs traditionnels, tandis que le coût des envois de fonds peut être jusqu’à six fois moins cher. » Si les investisseurs sont toujours au rendez-vous dans les années à venir, et que les barrières règlementaires sont assouplies (ce qui ne devrait pas être le cas partout), rien ne devrait venir entraver cette folle croissance.
Mais tout cela ne sera pas très homogène : l’Afrique du Sud se taillera la part du lion (40%). Le Ghana et l’Afrique de l’Ouest francophone devraient « afficher les croissances les plus rapides, à 15% et 13% par an respectivement ». De façon général, les analystes de McKinsey prévoient que « l’opportunité de croissance de la Fintech se concentrera probablement sur 11 marchés clés : le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda, qui représentent ensemble 70% du PIB africain et la moitié de sa population ».