[Article issu de la Newsletter] Patatrac pour Tingo. Le fournisseur nigérian de services financiers pour l’Agritech en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, pourrait bien s’effondrer. L’entreprise cotée au Nasdaq, la bourse technologique de New York, a vu la négociation de ses actions suspendue par la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis.
Plus précisément, la SEC a exprimé ses inquiétudes quant à l’exactitude et à la suffisance des informations accessibles au public du groupe Tingo.
Cette suspension temporaire, qui touche également Agri-Fintech Holdings, une société associée à la marque Tingo, a démarré le 14 novembre et prendra fin le 28.
Toutefois, la SEC a conseillé à toute personne intéressée par l’entreprise d’examiner attentivement les mesures qu’elle prendra pour se refaire et « toute information publiée ultérieurement par la société », même une fois la suspension levée.
Cette décision fait suite à un rapport accablant publié en juin dernier par Hindenburg Research, une société américaine de recherche financière spécialisée dans la découverte d’irrégularités comptables et de pratiques frauduleuses dans les sociétés cotées en bourse. Cette société, spécialisée dans la vente à découvert, est une habituée des rapports au vitriol, comme ce fut le cas pour le géant indien Adani, en juillet dernier, qui l’a accusé en retour de « générer des profits en faisant baisser à court terme le cours des actions ».
Dans le document qui nous occupe, Hindenburg reprochait à Tingo d’être une « escroquerie évidente avec des données financières complètement fabriquées ». Selon elle, la société nigériane aurait notamment gonflé ses résultats financiers, menti au sujet de son usine de transformation alimentaire d’une valeur de 1,465 milliard d’euros, au sujet de son projet d’expansion au Ghana et aurait photoshopé son logo sur le dispositif d’un autre opérateur de point de vente.
Hindenburg a également accusé le fondateur et PDG de Tingo, Dozy Mmuobuosi, d’avoir inventé des parties de son histoire personnelle et professionnelle. C’est le cas, par exemple, de son prétendu doctorat d’une université malaisienne, qui a été réfuté par l’université elle-même. Par ailleurs, l’affirmation de Mmuobuosi selon laquelle il aurait fondé la première application de paiement mobile au Nigeria a été contestée par le véritable créateur, Deji Oguntonade, qui a qualifié les affirmations de Mmuobuosi de « totalement fausses » et de « pur mensonge ».
Certaines informations du rapport, qui avait déjà fait plonger les actions de Tingo, avaient été réfutées par Tingo en septembre, ajoutant que les soi-disant fausses données financières étaient dues à des « erreurs typographiques ». Affaire à suivre… (Photo générée par IA)