Un million de dollars (soit 327 ethereum). C’est à ce prix que s’est vendu, le 9 avril dernier, le NFT du célèbre mème des quatre porteurs ghanéens en train de danser avec un cercueil (consulter ici le déroulement des enchères), mème qui avait ravi bon nombre d’internautes en 2020, au plus fort de la pandémie de Covid-19. Il était ainsi souvent utilisé pour illustrer l’attitude imbécile et dangereuse d’individus, et était accompagné d’une musique (lancinante) de 2010, créée par le compositeur russe Tony Igy. Une vente semble-t-il record en Afrique, dont 25%, soit 250 000 dollars sont allés à une organisation caritative qui œuvre en Ukraine.
The coffin dance meme Sold in my twitter space yesterday for 327 $ETH that’s $1,047,806 USD!
— LucasBean.eth ● (@Luke360) April 10, 2022
Congratulations to @nanaotafrija.
Thank you so much @PRguitarman @BenLashes we made history yesterday. #NFTsales #NFTauction
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50% of proceeds goes to aid #Ukraine pic.twitter.com/TCtumREih7
A ce stade, il est bon de rappeler ce qu’est un NFT. Il s’agit d’un jeton qualifié de “non fongible”. A ce titre, il est impérissable et irremplaçable, et fait office de titre de propriété numérique certifié, associé à un bien original unique. Cette certification repose sur la blockchain. L’acquéreur de la vidéo virale des porteurs ghanéens, le studio 3F Music basé à Dubaï, est ainsi certain de posséder l’original. Mais attention : dans la plupart des cas, cela ne confère pas de droits de propriété sur l’œuvre, comme le rappelle cet article du World Economic Forum.
Une chose est sûre : les NFT gagnent en popularité en Afrique. Les artistes y voient de nouvelles opportunités de faire connaître leur travail, et d’engranger les revenus. Cette technologie de certification permet aussi de se passer d’intermédiaire (comme une galerie) et donc de se passer de commission. « Je suis un artiste très traditionnel, mais je me rends compte que si je m’accroche à ce que je sais, le bus va me manquer », expliquait récemment l’artiste sud-africain Fhatuwani Mukhel au site africanews., justifiant ainsi sa conversion aux NFT. Pour l’artiste nigérian Chuma Anagbado, c’est aussi un moyen de faire connaître une culture locale, en l’occurrence pour lui celle des Igbos (ethnie du sud du pays) à un plus grand nombre de personnes. « Je fais de l’art pour que les gens de cette région puissent s’y connecter et pour que le monde sache aussi qui nous sommes. Les NFT m’ont permis d’y parvenir », assure-t-il chez Ventures Africa.
Ainsi, le monde artistique africain commence, bien qu’encore marginalement, à se réorganiser. Preuve en est le lancement, tout récemment, de la première collection d’œuvres d’artistes d’Afrique australe, intitulée Out of Africa. Et les prix suivent… Comme nous vous l’indiquions fin mars, une version NFT d’un mandat d’arrêt contre Nelson Mandela a été adjugée pour 118 000 euros. Engouement déraisonné pour certains, véritable révolution pour d’autres, quoiqu’il en soit le phénomène n’en est qu’à ses débuts, en Afrique comme ailleurs : en 2021, il s’est vendu pour 15,7 milliards d’euros de NFT dans le monde, en hausse… de 21 000% par rapport à 2020.