« L’I-CSSI sera le premier centre de formation à la cybersécurité d’Afrique centrale »

Après avoir travaillé dans la cybersécurité pendant de longues années, en Afrique et en Europe, Nathalie Kienga inaugurera à Kinshasa, en octobre prochain, les deux premières promotions de l’Institut de cybersécurité et sécurité des infrastructures (I-CSSI), pionnier du domaine dans la sous-région, dont elle est l’initiatrice et la directrice. Une première étape dans un projet aux ambitions panafricaines.

Teknolojia : Qu’est-ce que l’Institut de cybersécurité et sécurité des infrastructures (I-CSSI) ?

Nathalie Kienga : L’I-CSSI est un centre de formation basé à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), dont l’objectif est de former des étudiants mais aussi des professionnels qui souhaiteraient évoluer dans le domaine de la cybersécurité.

La formation classique, à destination des étudiants, coûte 900 dollars et dure trois ans, ce qui équivaut à un niveau master en RDC. Le volet théorique de ce cursus comprend l’enseignement de tous les pans de la cybersécurité et la sécurité des infrastructures, avec des matières comme l’analyse et la gestions des risques cyber ou le management de la sécurité de l’information. Je dis théorique, mais nous essayons de rester dans le concret avec des cas pratiques. Nous voulons essayer aussi de donner le plus d’autonomie aux étudiants et nous consacrerons une journée par semaine aux initiatives étudiantes pour qu’ils puissent mener leurs propres projets, tout en étant encadrés.

Ensuite vient la phase de professionnalisation avec un temps en entreprise sous la forme de stages. Nos étudiants sont accueillis dans les entreprises partenaires pour mettre en pratique ce qu’ils ont appris. L’objectif est de donner aux étudiants les armes nécessaires pour intégrer une entreprise africaine à l’issue de ces trois ans et être déjà assez efficace pour l’employeur.

Pour les professionnels, nous proposons une formation en un an, en cours l’après-midi, pour pouvoir les aider à monter en compétence.

D’où vient l’idée de ce projet ?

Tout est parti d’un constat issu de mes différentes opérations sur le continent. J’évolue dans le monde de la cybersécurité depuis huit ans maintenant, à différents postes dans différents écosystèmes. J’ai notamment beaucoup travaillé en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, en participant à l’organisation de conférences, d’échanges et de réflexion sur les enjeux et les défis du numérique et de la cybersécurité en Afrique.

J’ai ainsi remarqué que la sensibilisation et la formation étaient toujours mises de côté ou pas assez exploitées et qu’il y avait une pénurie de compétences dans les entreprises privées en Afrique. J’ai aussi noté un vrai intérêt de la jeunesse africaine pour monter en compétence sur le numérique et sur la sécurité de l’information en particulier.

C’est alors que m’est venue l’idée de monter le projet de créer un institut de formation à la cybersécurité – qui serait le premier en Afrique centrale. D’abord seule, puis j’ai échangé avec des partenaires, à commencer par ceux d’Africa Security Partners, l’association que j’ai créée. Ces derniers ont répondu plutôt favorablement et ils m’aident aujourd’hui à élaborer le programme de formation

Ils m’aident aussi financièrement et participent à développer la stratégie de l’institut via de l’événementiel, en particulier. En échange, ils auront par exemple la possibilité d’être partenaires VIP de la journée africaine de la cybersécurité, qui aura lieu tous les ans.

Sur votre site, vous évoquez plusieurs autres villes africaines que Kinshasa. La vision de l’I-CSSI est-elle panafricaine ?

En effet, l’objectif est de créer un réseau de campus en Afrique centrale (Kinshasa, Douala, Libreville) et d’avoir une antenne au Maghreb (Casablanca) pour essayer de créer des interconnexion entre l’Afrique centrale et l’Afrique du Nord. Ainsi, les étudiants pourront être mobiles : un étudiant congolais pourra étudier ou faire son stage au Maroc, un autre camerounais sera en mesure de développer des projets au Gabon. Nous avons aussi des partenariats en Afrique de l’Ouest, qui est, elle, bien plus avancée que l’Afrique centrale dans ce domaine.

Les inscriptions pour les deux premières promotions de l’I-CSSI à Kinshasa, de 30 élèves chacune, ont déjà commencées. Nous avons certes axé le recrutement sur la jeunesse congolaise, mais nous avons aussi reçu quelques candidatures d’Afrique de l’Ouest, notamment du Bénin et du Togo. Cela demande davantage de logistique mais nous sommes en train de réfléchir pour soit les accepter en distanciel soit les accueillir à Kinshasa.

Les professeurs, eux, ne sont pas forcément tous Congolais, ni même Africains. Nous avons un comité scientifique, dans lequel on retrouve des membres de nos partenaires principaux (CiberObs, Afrik@cybersecurite, ACG Cybersecurity, Akilimali et le Club d’experts de la sécurité de l’information en Afrique, ou Cesia), qui étudient les profils d’intervenants professionnels, avec une expertise particulière, qui viennent une semaine chacun pour enseigner cette expertise à nos étudiants.

Quelles sont les prochaines échéances ?

La fin des inscriptions est le 30 juin 2021. En juillet-août, nous allons finaliser la préparation pour accueillir les deux promotions pilotes à Kinshasa, notamment la constitution de l’équipe pédagogique. En septembre, nous inaugurons le bâtiment de l’I-CSSI, que nous sommes en train de rénover. Et le lundi 4 octobre, c’est la première rentrée.

Pour le moment, je poursuis mes autres activités professionnelles en parallèle. Mais l’idée, à terme, est bien d’avoir une équipe dédiée au développement de l’institut, à plein temps.

Le prochain I-CSSI à voir le jour sera à Douala d’ici 2022. Ensuite viendra ceux de Libreville, de Brazzaville et enfin de Casablanca.

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