Contrasté. Voici en un adjectif comment on qualifierait le bilan africain dans le classement mondial des écosystèmes startups établi par le site StartupBlink. Car si certains pays et certaines villes ont progressé, d’autres ont fait le chemin inverse, voire ont tout simplement disparu des différentes sélections. Le Global Startup Ecosystem Index est mis à jour chaque année depuis 2017 et se veut un classement le plus complet possible des environnements favorables aux jeunes sociétés technologiques de 1000 villes et 100 pays.
Premier enseignement, l’Afrique du Sud reste dans le TOP 50, en reculant certes d’une place (49e). C’est le seul pays africain à figurer parmi les cinquante premiers mondiaux, bien que toutes ses places fortes, y compris Le Cap, centre névralgique de la tech sud-africaine, reculent dans le classement des villes. Les conditions restent néanmoins très favorables à l’innovation. Un Startup Act, en préparation, devrait en être l’un des symboles. « Avec Naspers qui investit massivement dans les entrepreneurs sud-africains et des sociétés de capital-risque comme Knife Capital qui s’engagent à financer des startups, l’Afrique du Sud a connu une forte croissance. L’initiative Silicon Cape, Endeavor South Africa et Digital Collective Africa sont quelques-uns des principaux catalyseurs et promoteurs de cette croissance », écrit StartupBlink.
Ce n’est qu’après cette première cinquantaine de pays que l’on voit poindre les autres piliers de la Tech en Afrique. Le Nigeria (61e), bien sûr, qui grimpe de deux places par rapport à l’année dernière, reléguant le Kenya à la troisième place africaine (62e), mais aussi l’Egypte (65e) dont la position, flatteuse, reflète l’excellente attractivité de ses startups aux yeux des investisseurs.
Lagos, seule ville africaine du TOP 100
Arrêtons-nous sur le cas nigérian. Cette deuxième position en Afrique, le Nigéria la doit à Lagos, sa tentaculaire cité portuaire du Sud, véritable poumon tech en Afrique de l’Ouest. La ville est d’ailleurs la seule d’Afrique à se hisser dans le TOP 100, et elle est même très bien classée dans certains secteurs : « Lagos est au 24e rang mondial dans la Foodtech et au 43e dans l’e-commerce et la vente au détail. » L’écosystème nigérian peut compter sur un marché intérieur conséquent, une forte structuration grâce à des organisations comme le Co-Creation Hub et possède une visibilité mondiale grâce à des licornes comme Flutterwave ou OPay. Le pays a néanmoins de grands défis devant lui, notamment celui de la bonne connectivité sur tout son territoire. De tous récents chiffres de l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) montrent en effet que 81% des Nigérians ne profitent pas d’une connexion optimale.
En Egypte, les startups continuent de bénéficier d’un climat des affaires qui ne cesse de s’améliorer. En gagnant 16 places en deux ans, le pays des pharaons montrent que l’innovation est devenue l’une de ses priorités. Mais un peu comme au Nigeria, une ville en particulier semble tirer les autres vers le haut – la capitale, Le Caire -, alors qu’Alexandrie dégringole au classement. La force de cet écosystème ? Des soutiens de poids, comme les fonds d’investissement locaux, mais aussi le secteur public. L’infrastructure de connexion se développant à un bon rythme, il est probable que le pays améliore encore sa position dans les classements à venir.
Enfin, il est à signaler certains mouvements en fin de TOP 100, avec la sortie de l’Ethiopie, trop marquée par la guerre et la paralysie de son marché des télécommunications, et l’entrée de l’Angola et du Sénégal. Ce dernier doit son arrivée à l’attractivité exponentielle de Dakar. « Le Sénégal devient de plus en plus populaire auprès des entrepreneurs et des investisseurs désireux de faire des affaires en Afrique occidentale, note StartupBlink. Cela est dû à son climat des affaires favorable et à ses institutions solides. » L’écosystème startups bénéficie « de nombreux investissements des secteurs privé et public dans le développement des compétences, le financement de l’innovation et des programmes tels que les accélérateurs et les incubateurs ». Mais si le cas de Wave laisse miroiter un avenir de licorne à bien des jeunes pousses locales, StartupBlink rappelle qu’il s’agit là d’une exception, et que les investissements directs sont loin d’être du niveau de ceux enregistrés au Nigeria ou en Afrique du Sud.