« Notre engagement à créer un environnement propice aux startups technologiques nigérianes ne devrait jamais être mis en doute. » C’est par ces mots que le président Muhammadu Buhari a annoncé, sur Twitter, la signature du Startup Act nigérian (disponible ici), un texte attendu depuis longtemps par les entrepreneurs du pays. L’objectif : créer un véritable cadre règlementaire pour les startups et un environnement propice à leur développement.
Pourquoi ce Startup Act est-il important pour le Nigeria ?
Un document, aussi, qui devrait permettre à l’écosystème startup de se structurer, et de se développer. Il est pourtant le premier du continent pour l’attractivité des capitaux : selon le fonds Partech, les startups nigérianes ont levé 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros d’alors) en 2021, soit 34% de l’ensemble des financements en Afrique. Et second, en ce qui concerne le cadre d’exercice des entrepreneurs, selon le classement réalisé par StartupBlink, tiré par la mégalopole de Lagos, l’une des cent villes au monde où il fait bon entreprendre.
C’est peut-être même un problème : la grande cité du Sud-Ouest du pays est peut-être trop en avance sur le reste du pays. « Bien que Lagos soit réputée pour son écosystème de startups, il existe un décalage important entre l’écosystème technologique de la ville, ses environs et le pays dans son ensemble, qui souffre d’un manque chronique d’infrastructures et d’éducation, ainsi que d’une instabilité politique et de problèmes de sécurité récurrents », soulignait, l’année dernière, un rapport publié par fDi, un service du journal britannique The Financial Times, en collaboration avec le cabinet Briter Bridges.
Et si les structures d’incubation et d’accélération ne manquent pas – près de la moitié des startups en ont bénéficié -, il reste encore de gros progrès à faire dans l’accompagnement – notamment pour atteindre la rentabilité – et sur le plan du recrutement des talents, qui fait cruellement défaut au Nigeria. Ce Startup Act devrait, du moins en théorie – corriger le tir.
Qu’est-ce que cela change pour les startups nigérianes ?
Justement, que continent de Startup Act nigérian ? Il y a d’abord un volet « structuration », pourrait-on dire. Car pour pouvoir bénéficier des mesures prévues dans le texte, les startups nigérianes auront besoin, au préalable, d’une certification, nous dit le site Techpoint Africa. Une sorte de label sous conditions, comme celle d’avoir au moins un co-fondateur nigérian. Une fois obtenu, les jeunes pousses accèderont à un éventail de facilités : exonération ou allègement d’impôts pendant plusieurs années, réduction de l’impôt sur le revenu pour les salariés. Et comme si les pépites nigérianes n’étaient pas assez attractives, un coup de pouce est aussi donné aux investisseurs : les accélérateurs et les capital-risqueurs peuvent bénéficier de crédits d’impôt allant jusqu’à 30% de leur investissement dans une startup.
D’autres initiatives accompagnent ces mesures d’incitation à l’innovation : un fonds d’amorçage sera créé, des facilités d’accès aux agences gouvernementales concernées seront instituées, et des programmes d’éducation à l’entrepreneuriat seront élaborés en partenariat avec les universités du pays.
Pour veiller sur tout ça, la loi prévoit la création d’un Conseil national de l’innovation numérique et de l’entrepreneuriat, qui sera présidé par Muhammadu Buhari lui-même. Cet organe – qui comprendra également des représentants du Startup Consultative Forum ainsi que le patron du régulateur nigérian de l’information et des technologies – sera chargé de définir les grandes orientations de l’écosystème startup et de veiller à l’application des mesures figurant dans le Startup Act.
Startup Act : où en sont les autres pays africains ?
Dans le domaine, le Nigeria n’est pas précurseur. La Tunisie et le Sénégal ont été les deux premiers pays africains à promulguer un Startup Act. Le Kenya leur a emboîté le pas. L’Algérie est en train de mettre en œuvre le sien. Et d’autres sont en gestation : c’est le cas au Mali, en RDC, en Afrique du Sud, ou encore en Côte d’Ivoire, où le projet semble prendre du retard. De juin 2021 à aujourd’hui, il a fallu presque un an et demi au Nigeria pour élaborer le sien.
S’il est difficile de chiffrer la réussite d’un Startup Act, on constate qu’un tel texte ne résout pas tous les problèmes. Quatre ans après son adoption, la législation tunisienne spécifique aux entreprises technologiques semble avoir donné un coup fouet à l’attractivité de ces dernières, nous dit le dernier rapport de Startup Tunisia. Mais l’écosystème local figure encore au 83e rang mondial (-1 place en 2021) du classement StartupBlink. (Photo : présidence du Nigeria / Twitter)