[Article issu de la Newsletter] C’est peu dire que le monde des cryptomonnaies n’est pas à la fête. Le procès, outre-Atlantique, du “roi des cryptos” Sam Bankman-Fried a remis sur le devant de la scène les lacunes de ce système financier alternatif, au-devant desquelles le manque de confiance.
Une confiance difficile à instaurer, tant les nuages s’accumulent : incertitude réglementaire aux Etats-Unis, faillite ou projets suspendus, dégraissage (comme chez Coinhouse), fortes fluctuations des cours… Surtout, dans les usages, ça ne prend pas vraiment.
Enfin, cela dépend où. C’est d’ailleurs l’enseignement principal du dernier rapport de la spécialiste crypto Chainalysis : le continent africain continue de se démarquer dans ce domaine. En effet, si l’Afrique subsaharienne possède la plus petite crypto-économie de toutes les régions, représentant 2,3% du volume mondial des transactions entre juillet 2022 et juin 2023, “la crypto a pénétré des marchés clés et est devenue une partie importante de la vie quotidienne de nombreux habitants”, notent les auteurs du document.
Exemple le plus parlant, le Nigeria. Nous l’avons dit maintes fois ici, les Nigérians sont très friands de monnaies numériques. Le pays est désormais à la deuxième place mondiale, en termes d’adoption, selon Chainalysis. Et il est largement premier du continent, pour ce qui est du volume de transactions. Or les transactions, particulièrement en bitcoin, nombreuses, caractérisent bien l’Afrique. Pourquoi ce succès ? Car les cryptomonnaies « constituent une solution à de nombreux défis financiers répandus dans la région – frais de transaction élevés pour les paiements transfrontaliers, accès limité aux services bancaires traditionnels et capacité à préserver la richesse au milieu des fluctuations des monnaies nationales », note dans African Business, Oluwatobi Ajayi, co-fondateur et PDG de la société de paiement crypto Ivorypay à Lagos.
Les fortes variations du naira ou du shilling kényan poussent de nombreux Africains à lorgner les crypto-actifs, pourtant souvent, eux aussi, concernés par les phénomènes de montagnes russes. Nouveau phénomène donc : beaucoup fuient désormais le bitcoin pour les « stablecoins », ces devises adossées aux cours d’un actif tel qu’une monnaie fiat, comme le dollar et l’euro.
Reste que ces phénomènes se développent inégalement sur le continent, en fonction, notamment, des régulations ou interdictions en place. L’Afrique se distingue ainsi par un très large panel de réactions des législateurs vis-à-vis des cryptos. Mais tant que celles-ci seront perçues comme une meilleure alternative à des systèmes financiers traditionnels défaillants, leur succès ne se démentira pas. (Photo de Une générée par IA / ChatGPT)