[Article issu de la Newsletter] Chaque 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, les annonces pleuvent. Les grandes entreprises, soucieuses de faire réellement avancer les choses où à la recherche du coup de com’, y vont de leur initiative pour faire évoluer la place des femmes dans le monde du travail. L’entrepreneuriat africain n’a pas été oublié cette année. Google a par exemple annoncé que sa branche philanthropique engageait 1 million de dollars pour soutenir des programmes aidant les femmes entrepreneures à développer leur entreprise. A Sfax, en Tunisie, la banche locale du français Orange a inauguré une « Maison digitale » pour offrir aux entrepreneures tunisiennes un cadre de travail approprié. C’est que le constat, en toile de fond, est assez sombre.
C’est notamment vrai dans l’accès aux financements, enjeu majeur de toute startup. Les derniers rapports dédiés à la question le confirment. Si les chiffres du fonds Partech sont encourageants, ils restent très bas : en 2021, les jeunes pousses fondées par des femmes ont mis la main sur 16% des sommes levées sur le continent (14% en 2020), et ont concentré 20% des tours de table (13% en 2020). Sur le plus long terme, ce chiffre tombe : entre 2013 et 2021, 3,2% des sommes levées l’ont été par des startups fondées entièrement par des femmes, nous dit Briter Bridges. Les deux rapports s’accordent à dire que le Kenya est le pays d’Afrique où les femmes entrepreneures accèdent le plus facilement aux financements. La startup Kasha, sorte d’Amazon de l’intimité féminine en Afrique de l’Est, en est l’illustration.
Ces chiffres particulièrement bas s’expliquent notamment par les inégalités criantes relevées dans le secteur de la finance numérique. Dans la Fintech, qui attire la majorité des financements (63% selon Partech) de la Tech africaine, les entrepreneurs masculins accaparent la quasi-totalité de l’argent. En 2020, nous rappelions une autre réalité : si 27% des entrepreneurs du continent sont des femmes, soit plus que partout ailleurs, la plupart des sociétés gérées par des Africaines sont de petits commerces et seules 9% des startups africaines vouées à se développer sont dirigées par des femmes, selon l’ONU.