L’Africa CEOs Survey 2020 fait son grand retour. Pour la deuxième année consécutive, plus de 150 chefs d’entreprise opérant sur le continent ont été interrogés sur six domaines caractéristique du secteur privé africain : la stratégie, la gouvernance, le financement, l’innovation, l’impact et le talent. Avec pour cette édition, un paramètre incontournable : le Covid-19 et son cortège de conséquences désastreuses pour les économies.
Nous n’allons pas ici détailler l’ensemble des réponses données, mais nous en tenir à leur perception de l’innovation en ces temps incertains. Pour 98% d’entre eux, cela sonne comme une évidence : la crise du Covid-19 va conduire à une accélération de l’importance du numérique dans leurs opérations et dans la modernisation de l’économie.
Cette crise a d’ailleurs fortement affecté leurs activités. Et a douché l’optimiste générale, qui n’a plus rien, du coup, de générale. Celui-ci est ainsi passé de 80% à 25% des répondants en un an. Et c’est bien compréhensible : 95% d’entre eux ont fait état de pertes sur leur chiffre d’affaires en raison de la pandémie.
Autre enseignement de l’Africa CEOs Survey 2020, l’innovation est de plus en plus développée en interne par les entreprises (38% contre 23% en 2019). Les startups restent aussi des partenaires de choix lorsqu’il s’agit d’innover (23%, stable).
Les grandes entreprises identifient ainsi les technologies mobiles et digitales comme priorités de développement pour l’année à venir (56% des répondants contre 50% en 2019). Les perspectives liées au développement de l’intelligence artificielle restent, en revanche, encore peu alléchantes pour les patrons interrogés (moins de 20%).
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« L’innovation développée par le secteur privé prend le plus souvent la forme de solutions nouvelles développées de façon proactive, en réponse à des problématiques concrètes identifiées, le plus souvent pour améliorer le quotidien des populations locales – l’inclusion numérique des communautés rurales et l’accès au crédit et financement sont ainsi des préoccupations centrales », pointe ainsi l’étude.
Plus de données et de partenariats public-privé
Les dirigeants identifient notamment deux leviers de croissance. D’abord l’exploitation des données. Celles-ci sont encore trop peu nombreuses ou de qualité insuffisante pour permettre une bonne exploitation, selon les patrons – qui notent quand même, au passage, que les sociétés comme les pouvoirs publics vont devoir se pencher très sérieusement sur un cadre réglementaire pour permettre la protection de ces données. Deuxième espoir : un meilleur partenariat entre le public et le privé, notamment autours des infrastructures (accès à l’électricité, centres de données), des structures d’incubation, de la règlementation et plus généralement du climat des affaires.
Cette importance donnée au numérique en pleine pandémie de Covid-19 n’a rien de surprenant quand on sait – et c’est une autre information apportée par le CEOs Survey – que les entreprise qui ont jusqu’ici le mieux résisté à la crise sont celles qui avait la plus grande maturité numérique.
Reste que pour l’ensemble des dirigeants interrogés, de meilleurs jours arrivent : ils sont nombreux à entrevoir un « retour à la normale » pour 2021. (Photo : The Africa CEO forum / Flickr / CC)