Les développeurs du continent ont la cote auprès des entreprises de la Tech en Afrique, mais aussi à l’international. C’est que nous dit un tout récent rapport de Google sur le sujet, l’Africa Developer Ecosystem Report 2021. Cette vaste étude, réalisée auprès de 1 600 professionnels du secteur vivant dans 16 pays du continent, regorge d’enseignements sur les conditions de travail de ces spécialistes du code et sur les besoins des entreprises dans le domaine.
En un an (de 2020 à 2021), le vivier africain des développeurs professionnels a augmenté de 3,8% pour représenter 0,4 % de la main-d’œuvre non agricole du continent, soit une population estimée à 716 000 individus. Mais les conditions d’exercice du métier se sont aussi améliorées, nous dit le géant américain : « Les salaires et rémunérations moyens des développeurs de logiciels ont augmenté, et davantage de développeurs ont obtenu des emplois à temps plein. »
La demande en main d’oeuvre est là, elle est d’ailleurs en forte croissance. Et elle ne concerne pas seulement l’Afrique : « Avec 22% des PME subsahariennes commençant ou augmentant leur utilisation d’internet, le besoin de services de développement web a augmenté. La hausse de la demande de travail à distance [dans ce secteur] a également entraîné une augmentation des opportunités. » Ainsi, selon les chiffres avancés dans le rapport, 38% des développeurs africains travaillent pour au moins une entreprise basée en dehors du continent.
Âge, rémunération : quel est le profil des développeurs africains ?
Sans surprise, cette population de travailleurs est en moyenne bien plus jeune que dans d’autres secteurs : 33% d’entre eux ont entre 18 et 24 ans, 47% entre 25 et 34 ans. La moitié des développeurs sont considérés comme juniors, avec moins de trois ans d’expérience.
Côté rémunération, et toujours sur la base des 1 600 individus interrogés, le salaire annuel d’un développeur ayant 4 à 6 ans d’expérience est en moyenne de 22 500 euros (+9%). Il est de 49 000 euros pour un développeur ayant plus 7 ans d’ancienneté (+11%). Sur la période étudiée, seuls les développeurs juniors, en raison notamment de la concurrence, ont vu leur rémunération baisser (-9%).
Ces pros du code sont aussi à l’aise sur le web que sur mobile. Et un sur deux développe des applications sur Android, le système d’exploitation de loin le plus répandu sur le continent.
De nouveaux records d’embauches attendus
En Afrique, l’année 2021 a été faste pour les startups. Selon le fonds Partech, elles ont levé plus de 5 milliards de dollars, et plus de 6 milliards en comptant le financement par la dette. Selon la base de données Africa: The Big Deal, elles ont dépassé les 4,3 milliards. Quoiqu’il en soit, plus de 80% de ces fonds sont allés dans les écosystèmes de quatre pays, les « Big Four » que sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Kenya, qui concentrent aussi les plus fortes populations de développeurs.
Avec la pandémie, qui a favorisé grandement le travail à distance, de nombreuses sociétés internationales ont aussi fait appel à des développeurs africains. « Nous avons vu une augmentation de 10 à 20% de la demande venue de compagnies étrangères en 2020 », constatait le responsable d’une plateforme de recrutement au Kenya. Et ce phénomène devrait au moins perdurer, sinon croître : le travail à distance restera durablement dans les habitudes, tout comme les rencontres virtuelles pour les grands événements (lire nos prédictions).
Tout n’est évidemment pas rose. La part des femmes dans cette population active reste faible (autour de 20%), notamment chez les développeurs expérimentés. Et les difficultés d’accès à internet sur le continent freinent évidemment le développement de cette catégorie de travailleurs. Et si les universités africaines restent aux avant-postes de l’éducation au code, les écoles sont encore peu nombreuses et les formations reposent beaucoup sur l’implication des géants de la Tech et des grandes sociétés.