C’est avec un projet de grande envergure que 54gene s’aventure pour la première fois en Afrique francophone : bâtir une banque de gènes de l’ensemble de la population sénégalaise. La startup nigériane en génomique, dont on connaissait déjà les ambitions panafricaines, elle qui avait lancé sa filiale 7RiverLabs sur tout le continent en décembre dernier, vient de signer, ce 26 mai, un protocole d’accord avec l’Académie nationale des sciences et des techniques (ANST) du Sénégal pour lancer un projet de recherche, baptisé SEN GENOME.
Ce projet, mené à partir de juillet prochain sous la houlette du Ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur et de l’Innovation, vise à référencer le génome des principaux groupes ethnolinguistiques présents sur l’ensemble du territoire sénégalais afin de constituer une base de données génomique complète. En plus des chercheurs de l’ANST et de 54gene, cette initiative impliquera ceux du département de génétique humaine de la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« L’idée de SEN GENOME a germé à la suite du constat fait par les chercheurs que la séquence de référence du génome humain actuellement utilisée ne reflète pas la diversité génétique des populations africaines en général et sénégalaises en particulier », témoigne le professeur Aynina Cisse, porte-parole de l’ANST.
Grâce à ce projet de recherche sans précédent sur le continent africain, qui n’est actuellement, à l’origine que de 3% des données génomiques mondiales, « le Sénégal deviendra l’un des premiers pays africains à établir un “génome de référence” complet », c’est-à-dire « une base de données donnant une image complète des caractéristiques génétiques d’une population donnée », insiste le communiqué.
Ce choix du Sénégal par 54gene, qui a déjà quelques travaux sur des populations au Nigeria, n’est probablement pas le fruit du hasard, puisque « le Sénégal a historiquement été un point focal de la migration du continent et une pièce cruciale dans la formation de la diaspora africaine », note aussi le communiqué. « SEN-GENOME a le potentiel de contribuer à de nouvelles découvertes, au bénéfice des populations sénégalaise, panafricaine et mondiale, [comme donner des clés pour] mieux comprendre les liens héréditaires avec la santé et les maladies dans le pays, et d’améliorer les interventions pour la gestion et le traitement des maladies. L’étude ouvrira également la voie à de nouvelles recherches sur l’ascendance et la généalogie, apportant un éclairage nouveau aux personnes d’origine africaine qui espèrent comprendre leur ascendance. »
« Premier du genre en Afrique francophone, le projet SEN-GENOME servira à établir une médecine personnalisée afin d’améliorer le diagnostic, le traitement et la prévention des maladies les plus courantes. Il permettra également aux anthropologues de mieux comprendre l’histoire socioculturelle de nos communautés dans un souci de cohésion nationale », a précisé la proffesseure Rokhaya Ndiaye Diallo, la directrice du département de génétique humaine à la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop.
« Les Africains sont la population la plus diversifiée génétiquement et cette étude est une étape importante pour permettre au Sénégal de faire progresser la pratique de la médecine de précision dans le pays », s’est enthousiasmé le PDG de 54gene, Abasi Ene-Obong.
Les premiers résultats de SEN GENOME sont attendus pour la fin 2022, mais la startup nigériane ne compte pas s’arrêter là : « 54gene s’engage également à collaborer avec ses partenaires sénégalais sur d’autres projets », précise enfin le communiqué. (Crédit photo : 54gene)