[En chiffres] Le Sénégal, place forte du gaming en Afrique

Au Sénégal, 1,7 million de personnes jouent régulièrement aux jeux vidéo, soit près d’un Sénégalais sur dix. Ce chiffre phare, révélé par l’étude de l’association SENGAMES, suffit à prendre la mesure d’un phénomène culturel majeur qui dépasse aujourd’hui le simple divertissement. Réalisée entre février et mai 2024 auprès de 801 répondants répartis sur tout le territoire, et rendue publique en ce mois d’avril 2025, l’enquête dresse un portrait détaillé d’un marché vidéoludique en plein essor, mais met aussi en évidence les défis qui accompagnent sa croissance rapide.

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Un profil jeune et majoritairement masculin

La communauté sénégalaise des gamers reste dominée par les hommes : 93,1 % des joueurs sont de sexe masculin, tandis que seulement 6,9 % sont des femmes. L’étude y voit un gisement de progression : attirer davantage de joueuses constituerait un relai de croissance naturel. L’âge des pratiquants confirme le caractère juvénile de la scène : le cœur du public se situe entre 18 et 35 ans, avec une concentration marquée à Dakar.

Côté statut socio-économique, les étudiants représentent 42,3 % des joueurs, suivis des salariés (26,7 %), des lycéens (21,6 %) et d’une minorité d’entrepreneurs (7,7 %). En d’autres termes, le gaming au Sénégal est d’abord un loisir de jeunes adultes encore en formation ou à l’entrée de la vie professionnelle.

Une connectivité coûteuse mais indispensable

Pour cette génération connectée, la qualité de l’accès internet détermine l’expérience de jeu. Or ce poste de dépense pèse lourd : près de la moitié des répondants déboursent chaque mois entre 20 000 et 30 000 F CFA pour leur connexion (30 à 45 euros), et plus d’un quart dépassent ce seuil. Ce coût élevé reste un frein majeur au développement du jeu en ligne dans certaines régions, d’autant que la couverture réseau varie fortement selon les zones.

Le marché de la data est dominé par Orange (77,9 % des gamers), loin devant Free (17,5 %) et Expresso (4,6 %). Pour gagner des parts, les challengers devront proposer des offres plus agressives, voire taillées sur mesure pour les usages des joueurs, tels que des forfaits nocturnes ou des abonnements illimités sur les plateformes de streaming.

Le smartphone, première console nationale

C’est aussi vrai dans le reste de la région, mais le support de jeu numéro un au Sénégal est incontestablement le smartphone : 74 % des répondants l’utilisent comme plateforme principale. L’ubiquité du mobile, couplée à un accès simplifié aux boutiques d’applications, explique l’adoption massive de titres compétitifs ou coopératifs jouables en ligne.

Quant au temps consacré à cette passion, le joueur sénégalais type passe entre 10 et 20 heures par semaine, manette virtuelle en main, un investissement significatif mais compatible avec des études ou un emploi à temps plein.

Mais alors, à quoi jouent les Sénégalais ? Les préférences vidéoludiques reflètent deux tendances fortes : la popularité du football et l’attrait pour les jeux de tir. EA Sports FC et eFootball Mobile dominent la catégorie sportive, tandis que Call of Duty Mobile, PUBG Mobile et Fortnite s’imposent dans les jeux de tir et de survie.

Ces titres sont aussi les piliers de la scène esport locale, qui a déjà sacré des champions d’Afrique sur FIFA, PES, Mortal Kombat et PUBG Mobile, sans oublier deux titres mondiaux récents sur EA FC et Guilty Gear Strive IV.

YouTube et Twitch, vitrines incontournables

Regarder des parties en direct est devenu indissociable de la pratique : 78,9 % des gamers suivent des contenus gaming sur YouTube, et 63,7 % sur Twitch. Facebook Gaming arrive loin derrière (4,4 %). Cette appétence pour le streaming offre aux créateurs locaux une opportunité de toucher un public grandissant : les diffusions de tournois sénégalais cumulent déjà plus de 500 000 vues.

Un marché de 49 milliards de F CFA et des perspectives

En évaluant les dépenses en jeux, microtransactions et connectivité, le rapport chiffre le marché sénégalais du gaming à 49 milliards de F CFA. Plus de 100 événements e-sport ont été organisés depuis une dizaine d’années, et le pays compte au moins quatre clubs professionnels.

L’étude pointe des marges de progression notables : mieux desservir les régions hors de Dakar, accompagner l’émergence de nouvelles ligues et alléger la facture Internet des joueurs.

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