Rapport UIT : en 2024, seulement 38% des Africains utilisaient internet

En 2024, seulement 38% des Africains utilisaient Internet, bien en dessous de la moyenne mondiale de 68%. Au regard de sa reprise dans les médias spécialisés, c’est l’information sûrement la plus percutante du dernier rapport de L’Union internationale des télécommunications sur l’état du développement numérique dans le monde.

L’Afrique demeure ainsi la région la moins connectée du globe. Cet accès est en outre très inégal selon les publics et les zones géographiques. Par exemple, 57% des citadins étaient en ligne contre seulement 23% des ruraux la même année​. De même, la fracture numérique de genre reste prononcée : 43% des hommes contre 31% des femmes accédaient à Internet en 2024. Ces disparités socio-démographiques soulignent que le numérique ne bénéficie pas encore à tous de manière équitable.

On observe également de fortes différences entre pays : quelques États africains dépassent la moyenne mondiale en matière de digitalisation, tandis que d’autres comptent parmi les moins connectés au monde.

Des infrastructures mobiles primordiales

Les réseaux mobiles constituent toujours le pilier de la connectivité en Afrique, où les infrastructures fixes sont limitées et coûteuses​. En 2024, le haut débit mobile couvrait 86% de la population africaine (portée à 70% par la 4G), ne laissant aucune couverture à 14% des habitants – une part encore plus élevée en milieu rural (25%).

Une partie de la population (16 %) dépend encore de la 3G pour se connecter, avec des débits réduits, et la 5G naissante ne couvrait que 11% des Africains. En parallèle, on comptait 52 abonnements Internet mobile pour 100 habitants en Afrique en 2024, contre 95 pour 100 dans le monde. À l’inverse, l’Internet fixe reste quasi inexistant sur le continent, avec moins d’une souscription pour 100 habitants.

Des services numériques encore trop coûteux

Le rapport de l’UIT enfonce encore quelques portes ouvertes : par exemple, le coût des services numériques demeure un obstacle majeur à l’inclusion numérique en Afrique. En 2024, le prix médian d’un forfait haut débit mobile de base (2 Go de données par mois) représentait 4,2% du revenu national par habitant (RNB)​. Ce niveau – le plus élevé de toutes les régions bien q’un recul – reste bien au-dessus de l’objectif international de 2% fixé par la Commission du haut débit des Nations unies.

L’accès fixe est encore moins abordable, avec un prix médian équivalant à 15% du revenu par habitant​. De tels coûts élevés pèsent particulièrement sur les ménages à faible revenu et creusent les inégalités numériques.

Des politiques publiques numériques à renforcer

Au cours de la dernière décennie, plusieurs pays africains ont renforcé leurs politiques et réglementations dans le secteur des TIC, en favorisant plus de concurrence et d’investissement. Cependant, le cadre réglementaire de la région accuse toujours un retard par rapport au reste du monde.

Seuls 18% des pays d’Afrique ont atteint le stade le plus avancé de régulation numérique (dite de « génération 4 »), contre 38% en moyenne au niveau mondial. Le renforcement de la gouvernance numérique et des cadres juridiques est crucial pour accélérer la transformation digitale. Des efforts accrus sont notamment nécessaires en matière de développement des compétences et de coordination entre secteurs, afin que la population puisse tirer parti des opportunités du numérique.

La cybersécurité, un défi grandissant

Avec l’essor de la connectivité, les risques cybernétiques augmentent et appellent une attention renforcée. Entre 2021 et 2024, le score moyen de l’Afrique à l’indice mondial de cybersécurité (Global Cybersecurity Index) s’est amélioré de 22 points pour atteindre 57 sur 100. L’écart avec la moyenne mondiale (66) s’est réduit de moitié.

Néanmoins, de nombreux États africains ne disposent pas encore d’une stratégie nationale de cybersécurité, d’équipes d’intervention en cas d’incident (CERT) opérationnelles, ni de législations solides sur la protection des données. Ce retard expose davantage entreprises et citoyens aux cybermenaces et peut entamer la confiance dans les services en ligne.

Un potentiel à exploiter

Malgré ces défis, des signes positifs émergent dans le paysage numérique africain. L’Afrique compte un nombre croissant de pionniers du numérique – pays, communautés et entrepreneurs – qui expérimentent des approches innovantes, par exemple dans l’économie locale, l’accessibilité ou la gestion des déchets électroniques. Ces initiatives montrent le potentiel transformateur du numérique lorsqu’il est soutenu par des politiques inclusives et une coopération internationale.

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