Après un été plutôt calme, c’est une rentrée en fanfare qu’ont effectué les jeunes pousses du continent, particulièrement sur le front des levées de fonds. Comme nous l’avons vu auparavant, la pandémie, si elle réduit les volumes investis, n’a en rien douché l’optimisme des investisseurs pour le secteur de l’innovation en Afrique (lire le dernier rapport Partech portant sur 2020). Mieux, selon l’accélérateur AfricArena, le continent devrait connaître chaque année de nouveaux records d’investissement d’ici 2025. Ces dernières semaines nous ont montré que nous sommes bien sur cette voie.
Et, une fois n’est pas coutume, c’est une startup d’Afrique francophone qui ouvre la marche. La Fintech américano-sénégalaise Wave, qui mène la danse dans le domaine du mobile money au Sénégal et (presque) en Côte d’Ivoire, vient de lever 169 millions d’euros en série A. Ce tour de table a été mené par Sequoia Heritage, Founders Fund, Stripe et Ribbit – Partech Africa, déjà investisseur, y a également pris part, tout comme l’ancien PDG de Y Combinator Sam Altman – et a permis une valorisation de la startup à plus d’1,4 milliard d’euros. L’Afrique francophone tient donc sa première licorne, provoquant des commentaires dithyrambiques dans la presse spécialisée.
Exciting times for Francophone Africa! https://t.co/JR3EyWILp6
— Tidjane DEME (@tidjanedeme) September 7, 2021
“Nous avons appuyé Wave parce que nous sommes convaincus que le mobile money demeure un problème non résolu en Afrique. Wave a une excellente conception de produit et une forte trajectoire financière”, abonde Tidjane Dème, associé et co-gérant de Partech Africa. Celle que l’on présente comme le Paypal des comptes de mobile money a des projets bien précis : l’argent récolté permettra déjà une expansion géographique de ses offres, avec le Mali et l’Ouganda en ligne de mire. Il aidera également la société à renforcer ses équipes de commerciaux, d’ingénieurs et à développer de nouveaux services.
Les pépites égyptiennes confirment
L’écosystème startup égyptien continue d’afficher de belles couleurs. Comme en écho à Wave, la Fintech égyptienne MNT-Halan a annoncé avoir réuni 120 millions de dollars (101 millions d’euros), dans un tour de table mené notamment par Apis Growth Fund II, Development Partners International (DPI) et Lorax Capital Partners. Ce qui a démarré en 2017 comme une application de co-voiturage se décrit aujourd’hui comme “le principal écosystème fintech d’Égypte”, dans un pays où 70% des habitants ont peu accès aux produits financiers traditionnels.
Derrière, les espoirs egyptiens pointent le bout de leur nez, là encore dans le secteur de la Fintech : Kashat, spécialisée dans les micro-(nano ?)-services financiers à destination des plus démunis, a levé près d’1,5 million d’euros, en partie parmi des investisseurs locaux. Et dans les services B2B, c’est Capiter qui rafle la mise, empochant 28 millions d’euros en série A. Cette plateforme de mise en relation vendeurs-fabricants compte actuellement plus de 50 000 commerçants et 1 000 vendeurs.
54Gene, encore et toujours
Dans le même temps, la startup nigériane spécialisée dans le génome humain 54Gene continue d’engranger les capitaux, au cours d’un été qui lui réussit particulièrement bien. En juin dernier, elle levait déjà 13 millions d’euros, et début septembre, en a récolté 21 millions supplémentaires.
Peu de startups peuvent se prévaloir d’un parcours comme celui de 54Gene, qui en deux ans (la société a été fondée en 2019), est passé de l’amorçage à la série B (cet été, donc), réunissant plus de 38 millions d’euros au passage et au total. L’entreprise, basée à la fois au Nigeria et aux Etats-Unis, ambitionne désormais une expansion rapide en Afrique de l’Ouest et de l’Est.
Dans des volumes d’investissement moindres, on notera tout de même les tours de table réussis par la Fintech nigériane Prospa (3,2 millions d’euros) à l’amorçage, et de sa consœur kényane Pezesha (montant non divulgué). L’Agritech Releaf, qui se concentre sur les problèmes de logistique des petits agriculteurs africains, a pu elle réunir près de 3,6 millions d’euros.