En Afrique, l’agriculture connectée ne se développera pas sans données

L’accès des agriculteurs aux nouvelles technologies est porteur d’espoirs, à la fois pour les conditions de production (et donc de vie) des fermiers, et pour les populations que ces gains peuvent contribuer à nourrir.  Pourtant, alerte une étude publiée dans Nature Sustainability, l’Afrique est loin de présenter un terreau idéal pour le développement d’une telle agriculture, tant les moyens de production, de transmission et de réception des données nécessaires manquent.

La couverture mobile des terres cultivées africaines n’est que de 9% pour la 4G, et 33% pour la 3G, affirme cette étude. A titre de comparaison, ces chiffres sont respectivement de 29% et 46% en Asie.

► Lire également : Où en sera le mobile en Afrique en 2025 ?

Les inégalités vont, de façon générale, jusqu’au sein des exploitations : 24 à 37% des exploitations agricoles de moins d’un hectare ont accès aux réseaux 3G ou 4G. Cette couverture passe à 80% lorsqu’il s’agit d’exploitations de plus de 200 hectares.

Même retard de l’Afrique lors qu’il s’agit de l’équipement mobile. « Bien que la possession de téléphones portables par les ménages agricoles dans de nombreux endroits d’Asie et d’Amérique latine soit de 100% (ou proche de ce chiffre), nous constatons que cette possession dans les pays africains est inférieure à celle du reste du monde, notent les auteurs. Par exemple, en Angola, en République démocratique du Congo (RDC), à Madagascar et au Burundi, les moyennes […] se situent entre 34% et 51%. Les chiffres sont plus élevés dans d’autres pays africains, tels que le Malawi, le Mozambique, le Rwanda, le Tchad et la Sierra Leone. Néanmoins, plus de 30 % des ménages agricoles de ces pays ne possèdent toujours pas de téléphone portable. »

Le coût du Go de données est également identifié comme un frein par ces chercheurs de l”Université de Colombie britannique (Vancouver).

Investir dans « le dernier kilomètre »

Pour remédier à cela, ces derniers préconisent des investissements massifs dans les infrastructures dit « du dernier kilomètre », et de réduire fortement le coût des données. Des efforts conséquents qui demanderont du temps. En attendant, souligne encore le document, les efforts doivent être portés sur les services 2G (textes et voix).

Car avec l’arrivée de la 5G, la crainte est de voir les inégalités s’accroître entre le Nord et le Sud, voire entre l’Afrique et le reste du monde. « Si l’accès n’est pas abordé au niveau des technologies basiques, cela ne fera qu’aggraver la fracture », avertit le professeur Zia Mehrabi. (Photo : Paulfreed / Wikimedia / CC)

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