Il y a quelques jours, ont été dévoilées de magnifiques images de l’intérieur du centre d’intelligence artificielle de Google, à Accra, publiées par le Ghanaian American Journal, entre autres. Si la capitale du Ghana a été choisie par la firme de Mountain View comme porte-étendard de sa stratégie africaine en IA depuis longtemps déjà, le pays est loin d’être le seul actif en la matière sur le continent.
L’Afrique du Sud, d’abord, totalise le plus grand nombre d’entreprises utilisant l’IA, soit 726 sur les 2 400 comptabilisées par un rapport du cabinet AI Media Group. Le pays a aussi joué un rôle clé dans la constitution de « AI for Africa Blueprint », la stratégie en IA développée par l’alliance Smart Africa, et de celle de l’Union africaine, dont l’agence de développement (AUDA-NEPAD) est basée à Midrand.
Le Nigeria, deuxième en nombre d’entreprises spécialisées dans le domaine (456), est le champion africain de la formation en IA, notamment grâce au programme Data Science Nigeria, note Quartz. Troisième, l’Egypte (246 entreprises d’IA) a mis en place un Conseil national pour l’intelligence artificielle et mène un groupe de travail pour développer une stratégie industrielle en IA à l’échelle continentale. Sans compter Maurice, premier pays africain à dévoiler une stratégie nationale en 2018, un an avant celle du Kenya sur la blockchain et l’IA, ou la Tunisie, qui compte dans ses rangs le plus gros investissement dans une startup d’IA, avec 94,4 millions d’euros pour InstaDeep, et qui a lancé une association de filière, sobrement baptisée l’Association tunisienne pour l’intelligence artificielle.
L’IA pourrait générer 1 417 milliards d’euros en Afrique d’ici à 2030
Si la compétition est si rude et les projets d’IA se bousculent sur le continent, c’est qu’avec la pandémie, les pays africains ont enfin compris qu’ils avaient leur rôle à jouer dans la quatrième révolution industrielle – et des bénéfices à en tirer. Certes, comparés au 14,8 trillions d’euros que pourrait générer l’IA dans le monde d’ici 2030, d’après les chiffres du cabinet PwC, les 1 417 milliards d’euros qui reviendraient à l’Afrique, selon un autre rapport, semblent dérisoires. Mais ils représentent tout de même 50% du PIB actuel du continent !
« La libre circulation des données à travers divers secteurs ainsi que les grandes entreprises qui viennent en Afrique soutiennent la croissance des startups en IA et aident également les gouvernements à comprendre la valeur de l’investissement dans l’IA », s’enthousiasme John Kamara, cofondateur de la startup kényane d’IA de santé Aice & Afyarekod.
Toutefois, pour que l’Afrique reste compétitive, il faudra s’assurer de deux choses importantes : consolider les investissements en IA, qui profitent actuellement à 82% à des startups en amorçage, et « éviter la fuite des cerveaux », alerte Nick Bradshaw, PDG d’AI Media Group. En somme, que les prochains InstaDeep ne s’expatrient pas vers Londres, l’Europe ou la Silicon Valley.