Le constat est implacable. Les plus pauvres et les plus isolés n’ont pas vraiment profité du boom de la connectivité engendré par la pandémie de coronavirus. Quelque 2,9 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à internet dans le monde et 96% d’entre elles vivent dans des pays en développement, selon un nouveau rapport de l’ONU.
Pourtant, 782 millions de personnes supplémentaires se sont connectées depuis 2019, soit une augmentation de 17%. Les mesures de confinement, de fermeture des écoles et d’incitation au télétravail y sont pour beaucoup. Et l’Afrique dans tout cela, nous direz-vous ? Il y a du mieux. “Entre 2019 et 2021, l’utilisation d’internet [sur le continent] a bondi de 23%”, peut-on lire dans l’étude, pour atteindre 33% de pénétration, selon l’UIT – les chiffres varient selon les sources mais tournent souvent autour de ce taux.
Sans surprise, la jeunesse africaine reste, proportionnellement, plus connectée que les générations précédentes. Selon les chiffres avancés par l’UIT, 40% des 15-24 ans ont accès à internet sur le continent. « L’intérêt accru des jeunes [pour la toile] est de bon augure pour la connectivité dans les régions où le profil démographique est orienté vers les jeunes, comme dans les PMA [Pays les moins avancés], où la moitié de la population a moins de 20 ans, note le rapport. Cela signifie que la main-d’œuvre deviendra plus connectée et plus à l’aise avec la technologie à mesure que la jeune génération rejoindra ses rangs. Cela pourrait à son tour améliorer les perspectives de développement de ces régions. »
Mais l’optimisme des auteurs de l’étude est modéré par les fortes disparités qui perdurent, notamment en Afrique. Ainsi sur le continent, l’écart entre hommes et femmes, dans l’accès à internet, reste conséquent (35% contre 24%).
Un fort déséquilibre villes / campagnes
Surtout, le décalage entre villes et campagnes est immense : « Au niveau mondial, les habitants des zones urbaines sont deux fois plus susceptibles d’utiliser internet que ceux des zones rurales. En Afrique, l’écart est plus important : la moitié des citadins sont en ligne, contre seulement 15% de la population rurale. » Si le coût de connexion est évoqué, c’est aussi une question de couverture : 18% de la population rurale ne dispose d’aucune couverture de réseau mobile, et 11% supplémentaires n’ont qu’une couverture 2G. « Cela signifie que près de 30% de la population rurale [africaine] ne peut avoir accès à l’internet. »
Le double défi couverture / coût que doivent relever les gouvernements sur le continent est donc immense, et passera nécessairement par l’appui des institutions internationales et le coup de main, certes intéressé, des géants mondiaux du numérique. Câble 2Africa (Meta) ou Equiano (Google), projets Loom (abandonné) ou Taara… ces derniers sont déjà bien engagés. (Photo : iamdavidrotimi / Iwaria)