La Tech africaine a-t-elle un problème avec les femmes ? La question peut paraître provocatrice, et pourtant : les dernières données récoltées par Disrupt Africa, dans son rapport “Diversity Dividend: Exploring Gender Equality in the African Tech Ecosystem” (disponible ici), lui donnent toute sa légitimité. Deux chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 2395 startups suivies pour les besoins de cette publication, seulement 350 (14,6%) ont au moins une co-fondatrice, tandis qu’uniquement 230 (9,6%) ont une femme comme PDG.
Pour la parité, on peut toujours attendre… Alors certes, il y a des disparités régionales. Mais aucun marché n’a plus de 23% de ses startups comptant une co-fondatrice ou une PDG parmi son équipe dirigeante. Quels sont donc les bons élèves de cette classe si médiocre ? Généralement, nous dit le rapport, dans les marchés où suffisamment de startups sont suivies pour discerner des tendances, les écosystèmes plus petits surpassent les plus grands en termes de diversité, avec des ratios plus élevés dans des marchés tels que la Zambie, le Rwanda, la Tunisie ou au Sénégal – plus qu’en Afrique du Sud ou au Nigeria.
Côté secteurs, c’est la Fintech qui fait figure de cancre, avec seulement 13,8% de ses jeunes pousses ayant une co-fondatrice et 7,6% ayant une PDG. Difficile de faire pire.
Mais le plus intéressant ici, ce sont sans doute les questions posées à ces responsables et qui donnent à voir le malaise ambiant. Ainsi, 65% d’entre elles disent avoir vu leur position / responsabilité remise en question parce qu’elles étaient des femmes, ou avoir rencontré des hésitations de la part de clients, pour la même raison. Et la moitié pense avoir manqué une opportunité professionnelle…
Mais là où ces biais semblent les plus pénalisants, c’est dans la recherche de fonds, indispensables à la croissance des startups. Là, plus des deux tiers des dirigeantes interrogées disent avoir déjà été désavantagées ou affectées négativement par le fait d’être une femme lorsqu’elles se sont adressées à un investisseur potentiel. Résultat, les entreprises technologiques dirigées par des femmes voient peu d’améliorations dans leur financement. En début d’année, le rapport Partech nous disait que si les sociétés fondées par des femmes comptaient pour 22% des transactions passées l’année dernière, le montant total levé, lui, était en baisse de 3%…