J+4 pour la plus grande zone de libre-échange. Après un retard de six mois à imputer à la pandémie de Covid-19, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf, ou AfCFTA en anglais) est officiellement entrée en vigueur le 1er janvier 2021. Signé par tous les pays africains sauf l’Erytrée et ratifié par 34 d’entre eux, cet accord concerne 1,3 milliard de citoyens dans un bloc économique de 2,8 billions d’euros et regorge de promesses : sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté et augmenter le niveau de revenu de 68 millions d’autres qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour.
Halte à l’excès d’enthousiasme, toutefois. Les plus pauvres seront loin d’être les premiers à profiter de cette nouvelle étape vers le marché unique. En supprimant jusqu’à 90% des taxes douanières sur les biens et les services, en augmentant les transactions intra-continentales de plus de 50% et en favorisant les investissements directs étrangers (IDE), la Zlecaf pourrait « augmenter le revenu de l’Afrique de 450 milliards de dollars [367 milliards d’euros, ndlr] d’ici 2035 (soit un gain de 7 %) tout en ajoutant 76 milliards de dollars [62 milliards d’euros, ndlr] au revenu du reste du monde d’ici 2035 », estime la Banque modiale.
Et faire les beaux jours des startups africaines. A commencer par celles qui se positionnent dans la logistique et le transport et par la Fintech : « Les paiements transfrontaliers se font déjà en Afrique mais la prochaine étape pourrait être celle où de nouveaux acteurs comme Paystack et Flutterwave renforceront l’infrastructure de paiement sur l’ensemble du continent », selon Titi Akinsanmi, spécialiste de l’économie numérique.
Plus généralement, la Zlecaf va grandement faciliter les ambitions panafricaines des startups. « Mais c’est une vision à long terme pour 2063 », précise Titi Akinsanmi. Dans les faits, les Etats africains ont encore un grand travail d’amélioration des infrastructures avant que qui que ce soit puisse réellement bénéficier de cette nouvelle zone de libre-échange.
A plus court-terme, la Zlecaf compte également soutenir l’émergence de nouvelles startups en Afrique. Début décembre 2020, l’organisme dirigeant la Zlecaf au sein de l’Union africaine a lancé l’AfCFTA Vision Challenge, un concours pour découvrir et financer de nouvelles pépites africaines, dans le cadre du programme Vision Initiative, orchestré avec le Sankoree Institute, un institut issu de l’initiative publique-privée AfroChampions. (Photo : Union africaine)