Ouganda : les réseaux sociaux bloqués à la veille des élections

C’est une campagne électorale tendue qui se termine en censure. Ce mardi, dans un courrier adressé aux opérateurs internet du pays (et qu’ont pu consulter l’AFP et Reuters), la directrice de la Commission ougandaise des communications, Irene Sewankambo, a ordonné la « suspension » immédiate de l’ensemble des réseaux sociaux et services de messagerie, et ce jusqu’à nouvel ordre. Suspension qui intervient deux jours seulement avant des élections générales en Ouganda, dont une présidentielle dans laquelle est engagé le président sortant Yoweri Museveni.

C’est d’ailleurs ce dernier qui a révélé la raison de ce blocage : le chef de l’Etat a peu apprécié que Facebook fasse le ménage, la veille, dans des comptes proches du pouvoir. En effet, lundi 11 janvier, l’entreprise américaine a annoncé avoir supprimé un réseau de comptes coordonnés dont le but était d’influencer le débat public en amont des scrutins de jeudi. Des blogueurs pro-régime et même des membres du ministère de l’Information étaient concernés.

Dans une intervention à la télévision ougandaise, Yoweri Museveni a ainsi déclaré : « Ces réseaux sociaux dont nous parlons, s’ils veulent opérer en Ouganda, ils doivent pourvoir être utilisés par quiconque de façon équitable. S’ils veulent prendre parti, ces groupes ne pourront plus opérer dans le pays. »

Difficile de ne pas voir aussi, derrière cette coupure générale, une manière de contrôler l’information alors qu’approche la journée de vote. D’autant que le pays a un lourd passif dans le domaine : lors des dernières élections générales, la connexion avait également été coupée par les autorités, qui avaient alors évoqué des « raisons de sécurité ». Et on a évoqué sur Teknolojia, à plusieurs reprises, les tentatives du pouvoir de contrôler, sinon d’encadrer l’expression sur les réseaux sociaux, par des taxes en 2018 ou avec « un permis de s’exprimer » en 2020.

Cette nouvelle censure a en tout cas entraîné un concert de protestations. De nombreuses organisations de défense des libertés numériques se sont élevées contre cette décision, notamment celles qui, la veille, dans une lettre ouverte, avaient justement appelé le pouvoir ougandais à ne pas toucher à internet.

De son côté, Twitter, l’une des plateformes concernées par le blocage, a vigoureusement condamné cette décision, arguant que « l’accès à l’information et la liberté d’expression n’est jamais plus important que pendant les processus démocratiques, en particulier les élections ». (Photo : Michell Zappa / Flickr / CC)

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