En Afrique, le coût astronomique de la censure d’internet

[Article issu de la Newsletter] Ce sont des rapports à prendre toujours avec des pincettes, étant donné la difficulté à mettre un chiffre exact sur des perturbations qui se répercutent à grande échelle et dans de nombreux domaines. Mais selon la société Top10VPN, qui s’est lancée dans un vaste travail de compilation, le coût des coupures internet en Afrique a quintuplé en 2023, par rapport à 2022, atteignant 1,52 milliard d’euros, résultat de plus de 30 000 heures de perturbations ayant affecté 84,8 millions d’utilisateurs.

Avons-nous un champion incontesté ? Tout à fait, l’Ethiopie, qui conserve son titre de censeur le plus coûteux d’Afrique et qui concentre l’essentiel des pertes africaines. A plusieurs reprises l’année dernière, sur des régions entières du pays, notamment l’Amahra, le gouvernement d’Abiy Ahmed a coupé ses citoyens du reste du monde, sur fond de conflits armés. 

La sécurité, qu’elle ait trait à un conflit déclaré ou à des troubles sociaux, est l’argument numéro un invoqué par les autorités pour justifier leur censure. Ce fut le cas aussi au Sénégal, en juin dernier, lorsque l’affaire Sonko a provoqué des troubles dans le pays. Le Sénégal, justement, est à la troisième position du classement, juste après l’Algérie (férue de censure pour cause d’examens), accumulant plus de 52 millions d’euros de pertes.

Mais donner un coût financier, ce n’est qu’effleurer le problème. D’abord par ce que sont des chiffres absolus : les économies africaines ne se valant pas, un chiffre moins impressionnant peut néanmoins cacher des conséquences lourdes pour les finances du pays et ses différents acteurs économiques.

Ainsi, en Guinée, la coupure des réseaux sociaux en vigueur depuis le 24 novembre pénalise lourdement les petits opérateurs. « Il y a beaucoup d’entrepreneurs qui sont présents sur internet et qui font bouger leur activité par [ce] biais », explique l’association de blogueurs Ablogui. Et puis, évidemment, l’impact sur les libertés d’expression, d’information ou de circulation ne peut être, lui, quantifié. (Photo générée par IA)

Related Posts

Laissez un commentaire