Désinformation, haine en ligne : les chercheurs africains en manque de données

[Article issu de la Newsletter] L’enjeu des toutes récentes élections en Afrique du Sud ne concernait pas que l’ANC. “La démocratie est menacée. Les analystes considèrent la période électorale à venir comme l’une des plus cruciales, voire potentiellement agressives, de notre jeune démocratie”, alertait l’organisation sud-africaine Media Monitoring Africa durant la campagne. Une campagne marquée par une abondance de fausses informations et de discours de haine en tous genres.

On le sait, lutter contre les fake news en période électorale revient souvent à tenter de vider l’océan à la petite cuillère. Pourtant, les initiatives ne manquent pas, à l’instar de celle lancée par Africa Check pour ce scrutin législatif. Mais un autre problème se situe en amont : pour lutter contre, faut-il encore pouvoir identifier la nature et l’ampleur des menaces. 

Or, soulignent de nombreux chercheurs (dont le professeur Guy Berger, auteur de cet article sur The Conversation), leur accès à ce type de données en Afrique du Sud est restreint par les plateformes. Plus globalement, ce serait même une nouvelle inégalité Sud-Nord : contrairement à l’Union européenne, où des règlements comme le Digital Services Act permettent aux chercheurs d’accéder légalement et largement aux API des plateformes, l’Afrique du Sud ne bénéficie pas de telles dispositions. 

Pour se faire une idée de la propagation des messages problématiques, les chercheurs, qui ne peuvent “scrapper” (aspirer massivement) le contenu des plateformes, en sont donc réduits à de l’échantillonnage manuel, ou à faire appel à des courtiers en données, dont les services sont payants. Ce qui limite grandement l’analyse.

Face à cette situation, le salut pourrait venir des tribunaux, où des procédures ont été engagées sur la base de la Loi sud-africaine sur la promotion de l’accès à l’information – à laquelle les grandes plateformes ne se sentent pas soumises -, ou de l’Unesco, qui travaille en ce sens.

Au moins, pourrait-on imaginer pour l’Afrique des initiatives ad hoc, comme celle lancée par Meta à l’occasion de la présidentielle américaine de 2020, quand un panel de chercheurs avait été convié par la société pour tenir à l’œil ses différentes plateformes ?

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