« Notre marque était trop liée à un seul de nos services et ne reflétait pas tout ce que nous faisons », a déclaré Mark Zuckerberg pour justifier le changement du groupe Facebook en Meta. Objectif : mettre son entreprise sur les rails du metavers qu’il souhaite créer à terme. Mais pour bien des observateurs, il s’agit, en changeant le nom, de changer aussi (un peu) l’image. Car Facebook vit, de ce côté-là, une période délicate et les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen y sont pour beaucoup. D’ailleurs, devant le Parlement britannique, celle-ci a évoqué le continent africain.
« Les gens en Afrique ont une version brute de Facebook, qui est plus dangereuse », a-t-elle soutenu. Des notes internes ont alerté, ces dernières années, sur la difficulté de la société à contenir les discours de haine, faute, notamment, de moyens investis pour lutter contre ceux-ci. Ce fut notamment vrai en Ethiopie, où un employé signalait des « lacunes importantes ». En 2020, par exemple, « la société ne disposait pas d’algorithme de filtrage pour trouver des discours de haine dans les langues éthiopiennes oromo ou amharique », note Reuters, qui a eu accès à certains documents.
Devant les élus britanniques, Frances Haugen est aussi allée dans ce sens. « L’Éthiopie compte 100 millions d’habitants, qui parlent six langues. Facebook n’en prend en charge que deux, et il ne dispose que de quelques systèmes d’intégrité. Si nous croyons en la diversité linguistique, la conception actuelle de la plateforme est dangereuse », a déclaré l’ex-responsable du réseau social, fustigeant l’ethnocentrisme de la direction et des concepteurs de la plateforme
Des concepteurs qui n’arrivent pas à comprendre que leur perception du produit et l’utilisation que l’on peut en faire dans un pays comme l’Ethiopie peuvent être deux choses complètement différentes.
« Un roman horrible à lire »
« J’ai examiné les conséquences des choix que Facebook fait. Je pense que des situations comme celle de l’Éthiopie ne sont que les premiers chapitres d’un roman qui sera horrible à lire », a-t-elle ajouté. Pourtant, la firme de Menlo Park fait tout pour montrer patte blanche en Afrique. Il y a quelques jours encore, elle lançait l’édition 2021 de son programme My Digital World.
Together we can create social media that brings out the best in us. We solve problems together – we don’t solve them alone.
— Frances Haugen (@FrancesHaugen) October 4, 2021