Ce sont des chiffres qui confirment l’attractivité des startups africaines en 2021, après ceux dévoilés par la plateforme Africa: The Big Deal (lire notre édition du 10 janvier) en début d’année. Dans un rapport publié ce 3 février, le fonds Partech Partners annonce que 640 jeunes pousses du continent ont amassé, l’année dernière, 5,2 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros), au cours de 681 levées de fonds. Une somme multipliée par 3,6 par rapport à l’année précédente, où la croissance, en volume, avait marqué le pas (lire notre analyse).
Phénomène notable aussi cette année : l’essor du financement par la dette, qui permet aux startups de se développer sans diluer leur capital. L’année 2021 « marque une véritable tendance en ce sens avec la création de fonds de dette dédiés aux marchés émergents, en particulier en Afrique », note Partech. Ainsi, si on ajoute ces levées aux autres, la barre des 6 milliards de dollars est franchie.
Les « méga-tours » explosent
En effet, alors que 2020 avait vu les « méga-tours » fortement baisser, ces levées de fonds (ici comptabilisée au-dessus de 100 millions de dollars) ont été nombreuses l’année passée : 14 tours de table réalisés par 12 entreprises, représentant 48% du total des fonds débloqués, soit 2,47 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros). Il y a ainsi eu « deux fois plus de méga-tours réalisés en une seule année que dans toute l’histoire de l’écosystème », relève Partech.
De manière générale, la taille moyenne des tours a augmenté quelle que soit l’étape de développement des startups (seed, série A, série B, growth), pour dépasser les niveaux d’avant la crise sanitaire, « avec une forte reprise et une croissance continue dans tous les segments de marché du capital-risque en Afrique ». Mais ce sont assurément les sociétés les plus mûres (en growth, soit en position de rachat d’autres sociétés voire de pré-introduction en Bourse) qui ont vu le montant de levées de fonds augmenter le plus : +426% en un an. Ce sont en effet elles qui bénéficient le plus des tours de table les plus élevés.
La Fintech ne rafle pas tout
Alors que les startups spécialisées dans les services financiers tirent traditionnellement l’écosystème africain, elles ne sont pas les seules à récolter les fruits de cette croissance. Certes, bénéficiant de l’essentiel des « méga-tours », la Fintech a concentré 63% des financements. Mais « seulement » 32% du nombre des transactions. Et les autres secteurs (Edtech, E-commerce, Healthtech…) ont chacun franchi la barre des 200 millions de dollars.
Et si les montants globaux ont augmenté, l’engouement pour les startups africaines se mesure aussi au nombre d’investisseurs ayant rejoint la partie. Ils sont ainsi deux fois plus nombreux qu’en 2020 (891 investisseurs) et sont aussi bien plus enclins à miser plusieurs fois.
Le Nigeria, toujours premier de cordée
Comme chaque année depuis que ce rapport est publié, le Nigeria se démarque par son écosystème attractif. A elles seules, les startups nigérianes ont lévé 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros), soit 34% de l’ensemble des financements en Afrique. L’Afrique du Sud et l’Egypte complètent le podium, devant le Kenya. A noter que les startups égyptiennes confirment d’année en année leur succès auprès des investisseurs, figurant pour la deuxième année consécutive à la troisième place.
Au total, 73% des sommes collectées proviennent de ces quatre pays, ce qui montre que les bastions de la Tech africaine le restent au fil du temps. Mais pourcentage est en baisse : d’autres pays deviennent séduisants aux yeux des investisseurs. Et l’Afrique francophone dans tout ça ? Elle accélère « 2,6 fois plus vite que le reste du continent avec une croissance annuelle de 695% du montant investi par rapport à l’année dernière. » Le Sénégal figure ainsi à la cinquième place du classement.