[Article issu de notre Newsletter] C’est un chiffre qui n’est pas passé inaperçu dans la presse africaine spécialisée. Selon la société de recherche Analysis Group, le métavers (pris comme l’ensemble des mondes virtuels créés alors) injectera 40 milliards de dollars supplémentaires dans le produit intérieur brut de l’Afrique subsaharienne dans une décennie (le rapport est à lire ici). Première précision à ce stade : Analysis Group est sous contrat avec Meta, qui a dévoilé son propre projet de métavers en juillet dernier, et qui a même ouvert son premier magasin pour le tester, il y a un mois. Si cela ne représenterait qu’1,8% du PIB africain, et qu’elle se situe bien loin de ce que les Etats-Unis, seuls, pourraient y gagner (560 milliards), la somme n’est pas négligeable. Mais elle doit être forcément relativisée.
D’abord, bien visionnaire celui qui pourrait établir une cartographie du (des) métavers à l’horizon 2030. Déjà, entre les projets pharaoniques de Meta et le monde façon Second Life dégradé dans lequel le patron de Carrefour fait passer ses entretiens, il y a… eh bien tout un monde, justement. Les auteurs du rapport en sont conscients : « Il n’y a pas de métavers à mesurer à ce jour ». Pour établir leurs projections, ces derniers se sont donc basés sur un parcours technologique qu’ils jugent (espèrent ?) analogue : celui du mobile, « en raison de sa maturité, de sa portée mondiale et surtout de son impact transformateur sur les entreprises, les personnes et la société ».
Or ce n’est pas forcément à l’avantage de l’Afrique : si dans certains usages, le continent a fait ce que l’on appelle parfois abusivement un leapfrog, un « saut de grenouille », enjambant une ou plusieurs étapes de développement (ex : le mobile money), il cumule les retards dans bien des domaines : accessibilité de la data, adoption du smartphone, déploiement des réseaux de nouvelle génération… Avec le métavers, d’autres contraintes s’ajouteront, au premier rang desquelles celle de l’acquisition d’onéreux casques de VR. Si l’Afrique souhaite prendre le train en marche (cf. l’expérience virtuelle sud-africaine Africarare), elle devra surmonter bien des défis pour faire partie du rêve (ou du cauchemar, c’est selon), que l’on nous promet.