Streaming : Netflix veut miser plus gros sur l’Afrique

[Article issu de la Newsletter] Il en va du streaming, comme de (presque) toutes les grandes tendances de consommation numérique : quand les marchés locaux sont saturés, voire surexploités, on se tourne vers l’Afrique. Avec une population qui atteindra les 2,5 milliards à l’horizon 2050, très jeune et de plus en plus urbaine, et une grande marge de progression en matière de connectivité, le continent apparaît comme un eldorado quasiment infini.

Selon un analyste cité par le quotidien Le Monde, le taux de pénétration des services par abonnement s’élevait en moyenne à un peu plus de 2% des ménages africains en 2022, et le marché africain de la VOD “devrait atteindre 12,8 millions d’abonnés d’ici à la fin de 2027”. D’autres sources donnent 15 millions en 2026. Soit un doublement, voire un triplement du nombre actuel, en l’espace de quelques années.

Les grandes plateformes n’ont évidemment pas regardé ailleurs… Mais, bien entendu, pas question de débarquer avec son seul catalogue de productions occidentales pour emporter la mise. Il faut produire local. Netflix l’a bien compris : fort du succès – international – de Blood and water (trois saisons), et Queen Sono (Afrique du Sud), et dans une moindre mesure, de Disconnect: The Wedding Planner (Kenya) et Aníkúlápó (Nigeria), le poids lourd mondial du streaming veut marquer son territoire. 

Dans un tout récent rapport, il affirme ainsi avoir investi près de 160 millions d’euros dans la production de contenus dans les trois pays où il s’est développé, à savoir le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Des investissements qui auraient permis la création de près de 12 000 empois sur le continent, depuis que la plateforme y a débarqué en 2016.

La bataille de l’accessibilité

Des contenus africains, pour des publics africains… Les concurrents mondiaux de Netflix savent faire aussi. Preuve en est la mise en ligne retentissante, le 7 avril dernier, du premier film africain original d’Amazon Prime, tourné au Nigeria, “Gangs of Lagos”. Mais la bataille ne se situe pas seulement dans la création, elle concerne aussi dans l’accessibilité : gratuité de certains contenus, paiement par argent mobile, téléchargement pour une consommation hors-ligne, souplesse sur les prix de l’abonnement… 

Et puis, tout ne se résume pas à un affrontement de titans. La concurrence est, et sera aussi, locale. Il y a les historiques de la VOD sur le continent, comme Canal+, mais surtout Showmax, dont la maison mère, MultiChoice, est l’un des plus gros producteurs de contenus audiovisuels africains. Sa force réside d’ailleurs dans la variété des contenus proposés, du cinéma à la télé-réalité, en passant par le sport. Et puis il faut aussi compter sur les acteurs bien plus petits, et qui se concentrent sur des productions de niche, comme IrokoTV, spécialiste du cinéma nollywoodien, ou Swahiliflix et son catalogue en swahili. Mais eux n’auront pas la même part du gâteau.

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