Mobile en Afrique : les perspectives pour 2025 restent stables, la 5G patine

« Les technologies numériques sont une force catalytique pour le développement en Afrique. Pourtant, près de la moitié des adultes des pays à revenu faible ou intermédiaire n’ont pas accès à Internet, même lorsqu’ils vivent dans des zones bénéficiant d’une couverture haut débit. » C’est avec ce constat de l’hôte de l’événement, Paul Kagame, que s’est ouvert, la semaine passée, la première édition africaine du World Mobile Congress (lire notre édition). Difficile de donner tort au président rwandais. D’autant que des nouveaux chiffres, de la GSMA, l’organisateur, appuient le propos.

Selon le groupement mondial des télécoms, fin 2021, l’Afrique comptait 515 millions d’abonnés mobile, contre 495 millions un an auparavant, et selon les projections (qui restent stables d’année en année), ils seront 613 millions dans trois ans. L’accès à internet progresse en conséquence, car l’adoption de smartphones est aussi en augmentation (49% des téléphones possédés) et la 4G avec (17% des abonnements en 2021, 20% en 2022 et 33% en 2025). C’est encourageant… si on ne continue qu’à regarder le verre à moitié plein. De nombreux Africains n’ont toujours pas accès à internet, quand d’autres n’en ont qu’une version limitée – la 3G étant encore la technologie de près de six abonnés sur dix en Afrique. Et sera toujours sur la première marche du podium dans trois ans, malgré un début de repli.

La 5G peine à se faire une place

Si vous êtes abonné à notre newsletter, vous le savez, aucun rapport n’est optimiste sur une réelle prise de la 5G sur le continent dans les années à venir. Et l’étude de la GSMA ne dit pas autre chose. Quasi inexistante pour les Africains aujourd’hui – malgré les annonces de lancement sur le continent -, elle ne concernera que 4% des propriétaires de mobile à l’horizon 2025.  A titre de comparaison, ce sera une réalité pour 64% des Américains, 44% des Européens, et même 67% des habitants des pays développés de la zone Asie-Pacifique.

Si les tests et mises aux enchères de fréquences se multiplient sur le contient, la technologie 5G est, à l’heure d’écrire ces lignes, une réalité commerciale dans seulement une poignée de pays d’Afrique subsaharienne. « Cela est dû en grande partie au fait que les opérateurs et les autres parties prenantes mettent davantage l’accent sur la migration des clients des réseaux hérités 2G et 3G vers les réseaux 4G », souligne la GSMA.

L’accès aux bons terminaux est aussi un enjeu : si les expéditions d’appareils 5G ont augmenté de 26,9% au cours du dernier trimestre, selon l’IDC, leurs prix restent inaccessibles pour de nombreuses bourses. « La disponibilité des appareils 5G – et à des prix abordables – sera cruciale pour l’adoption de [cette technologie] en Afrique subsaharienne, note d’ailleurs la GSMA. Cela est d’autant plus vrai que la lenteur de l’adoption de la 4G dans toute la région est, en grande partie, attribuable au coût élevé des appareils par rapport aux niveaux de revenus moyens. »

Un apport certain à la richesse de l’Afrique

Le rapport du syndicat mondial des telcos nous renseigne sur une autre question : l’apport de l’industrie du mobile dans la croissance africaine. Celui-ci est évalué à 7,9% du PIB du continent en 2021 – soit 140 milliards de dollars de valeur économique ajoutée. « L’écosystème mobile a également soutenu plus de 3,2 millions d’emplois (directs et indirects), note la GSMA, et a apporté une contribution substantielle au financement du secteur public, avec 16 milliards de dollars collectés grâce aux taxes sur le secteur. » Cette contribution aux économies africaines, non négligeable donc, devrait continuer à croître dans les années à venir. (Photo : présidence rwandaise / Flickr / CC)

💳 De l’inclusion numérique à l’inclusion financière, il n’y a qu’un pas. C’est ce que nous dit un autre rapport, d’AfricaNenda celui-là, publié en marge du World Mobile Congress. Première conclusion : les Systèmes de paiement instantanés et inclusifs (SPI, Pesalink au Kenya ou eKash au Rwanda) sont en forte expansion sur le continent. Une trentaine ont été lancées en dix ans, une vingtaine sont en gestation. Et c’est tant mieux : en effet, ces systèmes facilitent les paiements mobiles de faible montant fréquemment utilisés par les clients à faible revenu. Mais il y a du travail encore à faire sur le chemin de l’inclusivité. « Aujourd’hui, seuls cinq SPI en Afrique (trois nationaux et deux régionaux) ont le potentiel pour devenir véritablement inclusifs », relève AfricaNenda. Grille tarifaire à revoir, canaux de paiement populaires, mais peu exploités sont parmi les griefs, mais aussi le manque d’interopérabilité – ces systèmes sont trop cloisonnés régionalement.

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