La pandémie a mis en lumière le besoin impérieux d’être connecté, et dans les pays en développement, cela passe essentiellement par le mobile. Près de 3,2 milliards de personnes, dans ces pays, utilisent leur téléphone pour se connecter au reste du monde. Mais voilà, l’accès n’est pas le même pour tous : outre les disparités régionales et de conditions sociales, un écart important existe entre hommes et femmes, notamment en Afrique.
C’est ce que confirme le dernier rapport sur la question publié par la GSMA, le regroupement des telcos au niveau mondial. Et celui-ci n’est pas très enthousiasmant pour l’avenir. En effet, son principal enseignement concernant le continent est que les inégalités de sexes dans l’utilisation de l’internet mobile perdurent. En 2021, les Africains étaient 37% plus nombreux que les Africaines a y avoir accès, et ce chiffre est resté quasi-inchangé depuis 2017, date de la première modélisation. Evidemment, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : l’Egypte (12%) et le Sénégal (16%) font mieux, par exemple, que le Nigeria (36%) ou le Kenya (38%).
L’obstacle de l’acquisition
L’un des principaux obstacles identifiés est l’acquisition d’un smartphone. « Malgré une perception selon laquelle la possession d’un mobile est presque universelle, plus de 372 millions de femmes dans les [pays en développement] ne possèdent toujours pas de téléphone, contre 239 millions d’hommes. La croissance [dans ce domaine] continue d’être relativement limitée, tant pour les hommes que pour les femmes, et l’écart entre les sexes est resté largement inchangé depuis 2017, » peut-on lire dans le rapport. En Afrique, l’écart a même fortement augmenté, passant de 22% à 30% : si plus d’Africaines possèdent un smartphone, la croissance du côté des hommes a été plus forte.
Cette inégalité renvoie à d’autres, plus larges et profondément ancrées. Par exemple, au Sénégal, seules 34% des femmes interrogées disent avoir payé elles-mêmes leur mobile, l’un des pourcentages les plus bas de l’enquête. « Dans les 10 pays [étudiés], les femmes propriétaires de téléphones mobiles qui avaient acquis un nouvel appareil au cours de l’année écoulée étaient moins susceptibles que leurs homologues masculins de l’avoir payé et d’en avoir choisi le modèle », constate la GSMA.
Mais ce n’est pas le seul problème : l’acquisition des compétences pour utiliser ces technologies fait aussi défaut. En Egypte ou au Nigeria, c’est même la première difficulté invoquée par les femmes. « Dans l’ensemble [des pays étudiés], le manque de savoirs et de compétences numériques est le principal obstacle à l’adoption de l’internet mobile par les hommes et les femmes qui en ont connaissance », rappelle la GSMA.
Si les femmes avaient un meilleur accès à l’internet mobile dans les pays à revenu faible et intermédiaire, cela génèrerait près de 700 milliards de dollars de richesses supplémentaires pour ces pays dans les cinq prochaines années, estimait l’association en 2021.