Kenya : un « fonds des débrouillards » forcément tech, mais mal ficelé

[Article issu de la Newsletter] C’était une promesse électorale, celle de donner accès au crédit aux plus modestes des Kényans. Une promesse faite par William Ruto, lors de la dernière campagne présidentielle, et que le nouveau chef de l’Etat compte bien tenir.

De quoi s’agit-il ? D’un fonds, baptisé « fonds des débrouillards », et garni de 50 milliards de shillings (soit 400 millions d’euros) sur cinq ans. Objectif : permettre la souscription de prêts personnels à un taux de 8% pouvant aller jusqu’à 400 euros environ. Pas seulement d’ailleurs. Ce n’est, en effet, que le premier volet, inauguré par le président Ruto le 30 novembre dernier. Des prêts aux startups, et plus largement à toutes les PME, seront aussi possibles en 2023.

Comme pour d’autres initiatives gouvernementales en Afrique – comme Novissi au Togo – la technologie est mise à contribution. Car, faible niveau de bancarisation oblige, pour souscrire à ces nouveaux prêts, il faudra passer par des services de mobile money, ceux des principaux opérateurs. Les Kényans abonnés à Airtel, Safaricom et Telekom n’ont qu’à composer le *254# pour y accéder, indique The Star. Et à en croire la présidence, ils ne se sont pas gênés pour le faire : deux jours seulement après le lancement, 3,5 millions de citoyens avaient déjà demandé leur argent.

Oui, mais voilà, la médaille a son revers, comme souvent, relève Quartz Africa. Lors de la souscription d’un crédit, quelles passerelles sont érigées entre les services gouvernementaux qui gèrent le fonds, et l’opérateur du client ? En d’autres termes, quelles sont les informations (état du compte de mobile money, antécédents d’emprunts…) qui transitent, et quelles sont les personnes chargées de les traiter ?

Un flou qu’entretient le jargon juridique utilisé par le nouveau service, ne permettant pas le consentement « éclairé » de l’utilisateur, pour le traitement de ses données. Consentement pourtant essentiel. Ainsi, “certains candidats affirment que leurs données sont déjà partagées ou vendues sans leur permission”, relate le site spécialisé.

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