[Article issu de la Newsletter] C’est l’information qui a secoué le petit monde du transport au Cameroun. En milieu de semaine dernière, les autorités camerounaises ont annoncé la suspension des activités de la plateforme numérique de mobilité Yango, le temps d’une « mise aux normes ». Lancée en 2021, cette filiale du géant russe de l’internet Yandex opère principalement dans la capitale et à Douala, la grande ville de l’Ouest.
Si le communiqué est évasif, Yango était visée, depuis septembre dernier, par une demande de mise en conformité aux règles du transport camerounais, comprenant l’obtention d’une licence auprès de l’autorité de régulation des télécommunications, une déclaration au fisc, mais aussi la publication de « ses conditions d’utilisation auprès des clients », relate Reuters. Un rappel qui fait suite à une fronde des taxis locaux contre ce qu’ils perçoivent comme de la “concurrence déloyale”.
Cette colère – et cette réponse des autorités – ne date pas d’hier, en Afrique comme ailleurs. A des degrés divers, les services numériques de covoiturage tentent de se frayer un chemin dans les failles législatives relatives au transport. Il y a un mois, c’était l’algérienne Yassir qui se faisait taper sur les doigts en Tunisie.
Si les mastodontes mondiaux du secteur tels qu’Uber (plus d’un milliard de courses revendiquées en Afrique) et Bolt ont investi le continent, des solutions locales ont aussi pullulé ces dernières années, comme Gozem (moto-taxi) lancé au Togo en 2018, ou TaxiJet, en 2015, en Côte d’Ivoire (l’une des premières). Des acteurs, souvent pris en étau entre les puissantes corporations de taxis traditionnels et une activité de taxis clandestins boostée par la hausse du prix des carburants, qui doivent se diversifier rapidement : e-commerce, livraison, et même services financiers – comme Yassir.
L’idée est donc plutôt de bâtir un écosystème autour du transport, avec des solutions imbriquées, et d’avoir suffisamment d’assise pour résister dans un secteur hyper-concurrentiel et ne pas finir, par exemple, comme le kényan Bodapp, qui n’avait tenu que quelques mois dans le transport de passagers.