Que va changer l’élection de Bola Tinubu pour la Tech nigériane ?

C’était son tour. Bola Tinubu, 70 ans, qu’on qualifiait de « faiseur de roi » pour son influence dans la vie politique nigériane – et l’élection de ses prédécesseurs – a enfin été couronné. Sous réserve des recours déposés par l’opposition, il est le nouveau président du plus grand pays d’Afrique, par la population, mais aussi de celui qui pèse le plus sur la scène tech africaine. Et les défis sont, eux aussi, gigantesques.

Alors, quelle direction pour la tech nigériane ? Pour esquisser un chemin, il faut se référer au programme de campagne du candidat Tinubu, présenté à l’automne dernier. Dans ce document de 80 pages, on trouve une section réservée à « l’économie numérique », dans laquelle le futur président promet notamment la « création d’un million de nouveaux emplois dans le secteur des TIC au cours des 24 premiers mois [du] mandat. » Rappelons que le chômage des jeunes dans le pays atteint les 42,5%, et est en forte progression…

La nouvelle Inde africaine

Pour cela, la nouvelle administration mise sur « l’externalisation » des compétences tech locales, suivant le modèle indien – pays véritablement pris en exemple. « En 2021, l’Inde a gagné 6 milliards de dollars en fournissant des services d’externalisation basés sur les TIC, employant ainsi des millions de ses citoyens », peut-on ainsi lire dans la profession de foi.

Du côté des startups, l’accent devrait être mis sur le financement local. En 2022, les jeunes pousses nigérianes sont restées les plus attractives d’Afrique aux yeux des investisseurs – internationaux pour la plupart -, ce sont elles qui ont récolté le plus d’argent et enregistré le plus grand nombre de transactions (relire le rapport Partech). Il s’agit donc de consolider ce mouvement par des financements locaux, talon d’Achille du secteur.

Autre axe de développement : l’e-commerce. Pas tant en développant l’adoption, qu’en modernisant les infrastructures routières, en partant du constat que « l’absence d’une colonne dorsale de transport […] a limité la capacité des plateformes » en ligne.

Reste des chantiers incertains. Sur la finance décentralisée notamment : Bola Tinubu souhaite « réformer la politique gouvernementale » afin d’encourager « l’utilisation prudente de la technologie blockchain dans les domaines de la finance et de la banque, de la gestion de l’identité, de la perception des revenus et de l’utilisation des cryptoactifs. » Face aux graves problèmes de liquidité que connaît le pays et les difficultés du e-Naira, les attentes sont grandes, et le bitcoin flambe déjà. Un cadre est déjà en gestation.

Si dans le domaine de la connectivité, Bola Tinubu poursuivra l’œuvre de Muhammadu Buhari, avec un objectif de 90% de la population couverte par le haut débit en 2025, il reste l’épineuse question des libertés numériques : l’ancien gouverneur de Lagos conservera-t-il la position rigide de son prédécesseur vis-à-vis des réseaux sociaux ? Réponse, peut-être, dès les prochaines semaines, alors que l’opposition conteste l’élection de Tinubu, et que la polémique enfle autour des machines électroniques utilisées pour le vote. (Photo : Chatham House / Flickr / CC)

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