Kenya : sur Twitter, une campagne de désinformation inquiétante avant les élections

Alors que le Kenya doit organiser, le 9 août prochain, des élections générales (dont une présidentielle), une campagne de manipulation et de désinformation sur Twitter vient d’être mise au jour par la fondation Mozilla. Selon l’enquête publiée par cette dernière, cette campagne n’a pas été fomentée dans le pays, mais bien loin de là, en Espagne, par l’association d’ultra-droite CitizenGo, et visait les politiciens kényans engagés dans la promotion de deux projets de loi centrés sur la santé des femmes et la reproduction.

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Entre 2020 et 2021, les Kenyans ont en effet discuté et débattu en ligne de deux textes législatifs fédéraux : le projet de loi sur la santé reproductive de 2020 et le projet de loi sur la maternité de substitution de 2021. Ces textes visaient notamment à rendre les services prénataux, d’accouchement et postnataux gratuits pour toutes les femmes du pays, interdire les stérilisations forcées et élaborer des normes et des règlements sur la procréation assistée. Le deuxième projet de loi est d’ailleurs toujours en discussion.

Mozilla affirme que CitizenGo « a joué un rôle démesuré dans le pilotage [des] conversations sur Twitter en insérant de la désinformation et une rhétorique incendiaire ». Cette rhétorique a été notamment relayée par des influenceurs locaux payés par l’association, des comptes rétribués entre 10 et 15 dollars par campagne pour amplifier la désinformation. Ensuite, l’algorithme de Twitter a fait le reste, amplifiant encore la portée des hashtags utilisés pour la campagne.

Graphiques montrant la publication synchronisée des hashtags (Source rapport Mozilla)

« Encore une fois, nos recherches suggèrent que l’algorithme de tendance de Twitter est tout simplement trop facile à manipuler. Malgré les preuves accablantes que nous avons fournies [au réseau social] sur l’abus de la fonctionnalité Trending, jusqu’à récemment, aucune déclaration publique n’a été faite sur les mesures que le géant prendra au Kenya, regrette la fondation Mozilla. Cela est particulièrement troublant à la lumière des élections générales de 2022 qui se rapprochent chaque jour. » Néanmoins, la plateforme n’est pas restée complètement passive. Dès la publication de l’enquête, Twitter a suspendu définitivement plus de 240 comptes associés à ces campagnes.

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