[Article issu de la Newsletter] Le retour des Etats-Unis en Afrique. C’est, en creux, ce que disaient les conclusions du sommet Etats-Unis-Afrique, qui s’est tenu en décembre à Washington. Conclusions des médias qui n’ont pas manqué de souligner que les organisateurs de ce premier grand rendez-vous américano-africain depuis le début du mandat de Joe Biden, voulaient débord montrer du concret.
Du concret, il y en a donc eu, notamment cette somme : 55 milliards de dollars sur trois ans au continent. Et puisqu’il fallait dire que la cinquantaine de dirigeants africains n’avaient pas fait le déplacement pour rien, le programme était chargé. Le numérique n’a d’ailleurs pas été oublié. Dès son discours, le 14 décembre, le président américain annonçait par exemple l’objectif d’étendre l’accès à internet sur le continent.
Près de 425 millions d’euros sur la table
Qu’en est-il concrètement ? L’initiative est dite, sobrement, de « Transformation numérique en Afrique (DTA) », et repose sur deux volets financiers : de l’investissement, à hauteur de 330 millions d’euros, et des prêts, pour un montant total de 425 millions d’euros. Les objectifs listés sont au nombre de neuf, répartis sur trois piliers : Économie numérique et infrastructure, Développement du capital humain et « Environnement numérique propice ».
L’accent est particulièrement mis sur les infrastructures. Ce fut le cas notamment lors d’une rencontre entre Blinken et des entrepreneurs africains, avec des annonces d’investissements dans les datacenters en Afrique. « Ce qui manquait dans cette conversation […], c’était l’infrastructure de télécommunications, note justement TechCabal, le secteur où le chinois Huawei domine avec plus de 70% de part de marché dans les appareils utilisés [sur le continent]. »
C’est le grand enjeu pour Washington. Car il a fallu, pour Biden, au moins dans ce domaine-là, reprendre l’héritage de son prédécesseur, très à l’offensive contre le déploiement chinois dans la Tech mondiale. La Société américaine de financement du développement international (DFC), créée sous Trump, en 2019, est d’ailleurs mis à nouveau à contribution.
Le privé au rendez-vous
Mais cette fois, du côté bras (armé) financier des Etats-Unis face à l’influence chinoise, pas de véritable annonce dans le domaine des infrastructures – seul un rappel des 100 millions de dollars dévoyés à Africell pour étendre ses réseaux mobiles, notamment en RDC. « En préfigurant le sommet américain de cette semaine, les responsables américains ont pris soin d’éviter de présenter l’Afrique comme un pion dans une stratégie géopolitique plus large », argue la chaîne CNN.
Bien évidemment, le sommet a aussi été l’occasion d’annonces du secteur privé. Le milliard d’investissements promis par Visa d’ici à 2027, les 470 millions d’euros consacrés par le groupe ADB pour développer le cloud en Côte d’Ivoire, ou ceux de Cisco Systems et Cybastion dans plusieurs projets de cybersécurité sur le continent (810 millions d’euros). (Photo : Présidence rwandaise / Flickr / CC)