Alors qu’une bonne partie de la planète est coincée chez elle à cause de la pandémie de Covid-19, 46% de la population mondiale n’a toujours pas d’accès à internet, déplore la Web Foundation dans un message d’alerte publié ce 17 avril.
Bien sûr, ce fléau concerne le monde entier, dont près d’un-tiers des New-Yorkais, par exemple. Mais il touche encore plus durement les pays en voie de développement : en Afrique, notamment seulement 28% de la population profite d’une connexion. Pourtant, sur ce continent non moins qu’ailleurs, « le web s’est révélé être une bouée de sauvetage pendant la pandémie, aidant les gens à continuer à travailler, à étudier et à rester en contact avec leurs proches, souligne l’ONG de défense du droit d’accès à internet. C’est également un outil essentiel pour lutter contre le virus, en diffusant des conseils officiels et des informations sur la santé, en favorisant l’éloignement physique et en aidant à coordonner les réponses de santé publique. »
Les objectifs de l’ONU déjà inatteignables ?
En réalité, cette pandémie nous rappelle que nous allons lamentablement manquer deux objectifs majeurs de l’ONU sur l’accès à internet, s’alarment des représentants de la Web Foundation dans un article publié dans la revue Communications of the ACM, éditée par l’Association for Computing Machinery. Le premier, qui s’inscrit dans les Objectifs de développement durable (ODD), visait à atteindre un « accès universel » dans les pays les moins développés du monde d’ici 2020. Quasiment déjà perdu.
Lancé par la Broadband Commission for Sustainable Development, une initiative commune de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) et de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), le second objectif ambitionnait de pourvoir 75% de la planète et 35% des pays les moins développés en connexion haut débit d’ici 2025. De plus en plus inconcevable.
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Pourtant, il n’est pas (tout à fait) trop tard, assure Adrian Lovett, PDG de la Web Foundation : « Cette pandémie mondiale a cruellement mis en évidence l’ampleur de la fracture numérique et les gouvernements et les entreprises doivent travailler d’urgence pour accélérer les progrès afin de garantir que chacun, partout, ait la possibilité de se connecter. »
Car si les progrès n’avancent pas plus vite, seulement 57% de la population mondiale aura un accès à internet à la fin de l’année 2020 et 23% dans les pays les moins développés (LDCs sur le tableau ci-dessous), selon une modélisation de la Web Foundation et l’Alliance for Affordable Internet (A4AI).