Digital Africa : nouvel échec dans les relations Afrique-France

Rien ne va plus à Digital Africa. Secouée par un bras de fer entre plusieurs membres du conseil d’administration, l’initiative lancée en grandes pompes au salon Vivatech de 2018 par le président français Emmanuel Macron pourrait bien vivre ses derniers instants.

Une assemblée générale a été convoquée le 18 février par Jean-Pierre Barral, représentant de l’Agence française de développement au conseil d’administration, pour réclamer la dissolution de l’association. Celui-ci est soutenu par les autres organisations françaises fondatrices. En cause, selon Jeune Afrique : « Le mandat octroyé par [l’actuel directeur de Digital Africa Kizito Okwechuku] aux avocats Gaspard de Monclin et Charles Consigny, chargés notamment de faire la lumière sur des dépenses engagées par la direction de l’association sans l’aval du conseil d’administration, pour un montant global compris entre 600 000 et 1 million d’euros. »

Des dissensions entre les membres français et africains

Kizito Okwechuku dénonce une réunion prématurée, sachant que lui-même avait convoqué une assemblée générale le 25 février pour discuter de cette demande de dissolution, après remise d’un rapport sur le sujet. « Il semble que l’empressement de l’AFD soit motivé par l’intention d’empêcher la rédaction de ce rapport », dénonce le directeur. Depuis le début, des dissensions font rage entre certains membres français du conseil d’administration de Digital Africa, comme l’AFD, Proparco, CFI et La Ferme digitale, et les représentants africains, Rebecca Enonchong au nom d’Afrilabs, Kizito Okwechuku comme dirigeant de l’incubateur 22OnSloane et Karim Sy, fondateur de Jokkolabs.

« Des fissures ont commencé à apparaître lorsque la première cadre de l’organisation a été embauchée, Stéphan-Eloïse Gras, explique Rebecca Enonchong sur Twitter. Ce n’était pas tant la personne que la manière. Le conseil a reçu un courriel annonçant son embauche. Jamais nous n’avons été consultés ni intégrés au processus. J’ai, avec d’autres, soulevé cela comme une question de gouvernance. On nous a assuré que ça resterait un cas unique. Mais, comme Stephan-Éloïse Gras n’a pas été embauchée par le conseil d’administration, elle n’a jamais ressenti le besoin de nous rendre compte ou de nous consulter. Finalement, Karim Sy a démissionné de son poste de président [en juillet 2020, ndlr], bien qu’il soit resté au conseil d’administration. »

Ensuite, la situation « ne s’est jamais améliorée, poursuit l’entrepreneure. Le conseil est constamment contourné et rarement informé, obtenant la plupart de ses informations par le biais d’annonces sur les réseaux sociaux. Les décisions stratégiques et coûteuses sont prises sans que le conseil d’administration ne soit informé, encore moins d’accord. » Et de conclure : « Emmanuel Macron avait l’occasion de montrer en pratique ce qu’il prêche, c’est-à-dire un nouveau partenariat entre la France et l’Afrique. C’est une occasion manquée. » Lire l’enquête de Jeune Afrique pour en savoir plus. (Photo : Deutsche Welle / M. Magunia)

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