En Eswatini, une censure royale d’internet sur fond de contestation

Ce n’est pas parce qu’on est la dernière monarchie absolue d’Afrique qu’on n’y connaît rien à internet… et qu’on ne sait pas comment le couper. Suivant une vilaine mode sur le continent, les autorités du Royaume d’Eswatini ont ordonné aux fournisseurs de réseau du pays de bloquer l’accès à la toile à la tous fin juin, alors que le petit pays d’Afrique australe était secoué depuis plusieurs jours par des manifestations.

Des manifestants, souvent jeunes, qui réclament notamment la fin des inégalités entre la population et l’élite eswatinienne. Ce que l’on appelait il n’y a pas si longtemps le Swaziland est ainsi secoué par une contestation inédite : l’Eswatini est l’un des rares pays au monde – et le seul en Afrique – à être sous un régime de monarchie absolue. Les partis politiques sont interdits depuis 1973 et le roi Mswati III est bien installé sur le trône depuis 1986. Mais si le pays a déjà été le théâtre de manifestations, notamment en 2018 et 2019, elles n’ont jamais pris cette ampleur.

Par ailleurs, et parallèlement à la censure d’internet, le gouvernement a répondu par une violente répression dans la rue – une répression meurtrière -, accusant des « éléments étrangers » et des « terroristes » de semer le trouble.

Le musèlement des libertés numériques dans un pays où déjà la moitié de la population n’est pas connectée a suscité de nombreuses condamnations. La Cipesa, avec d’autres ONG, a par exemple adressé une pétition aux autorités eswatiniennes ainsi qu’à la SADC, l’organisation régionale, et à l’Union africaine, enjoignant le Royaume à revenir sur sa décision. Une action judiciaire a également été intentée contre le pouvoir et le principal fournisseur d’accès à internet, MTN, pour que la connexion soit rétablie le plus rapidement possible.

Ces appels ont-ils été entendus ? Toujours est-il que MTN a affirmé ce jeudi avoir rétabli l’accès à internet. « Veuillez prendre note que depuis ce matin [jeudi], toutes les plateformes de médias sociaux sont accessibles. Nous regrettons les désagréments causés par l’indisponibilité de ces plateformes », a déclaré l’entreprise dans un communiqué publié sur ses plateformes de médias sociaux, signé par la direction de MTN Eswatini. (Photo : le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le roi Mswati III / GovernmentZA / Flickr / CC)

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