Lentement mais surement, Google longe le continent. Le géant californien a annoncé en grandes pompes ce projet en juin 2019, qu’il finance entièrement. Il s’agit de son troisième câble à fibre optique international après Dunant et Curie, et son 14e investissement dans un câble sous-marin dans le monde. Fidèle à sa tradition, Google a donné le nom d’une sommité à son infrastructure : Olaudah Equiano (1745-1797) était un écrivain et abolitionniste nigérian qui fut réduit en esclavage dans son enfance (lire encadré). Si celle-ci est africaine, ce n’est pas un hasard : le projet de la firme de Mountain View concerne avant tout l’Afrique, les 10 000 km de câble devant relier le Portugal à l’Afrique du Sud avec plusieurs points d’atterrissement le long de la côte ouest du continent. Et les retombées doivent également profiter aux Africains.
Combien de pays sont concernés par le projet Equiano ?
Le français Alcatel Submarine Networks, chargé de la construction du câble, et les partenaires de Google sur le continent devront assurer la mise en place de plusieurs embranchements. Ceux-ci étaient prévus – entre Sesimbra (Portugal) à Melkbosstrand (Afrique du Sud) – au Nigeria, à Sainte-Hélène, en RDC et en Namibie.
Mais, coup de théâtre, c’est le Togo qui a été finalement desservi en premier, damant le pion au Nigeria. Une petite surprise qui a réjoui la ministre togolaise de l’Économie numérique et de la Transformation digitale, Cina Lawson : « Le Togo, qui n’était pas sur la liste des pays bénéficiaires de la première cohorte, a été intégré après plusieurs mois de négociations, et il devient le premier pays africain à accueillir le câble. »
D’autres pays que ceux cités précédemment pourront être desservis dans le futur. Début février, l’opérateur africain Paratus a annoncé que le station d’atterrissage en Namibie était d’ores et déjà prête. WIOCC Nigeria Limited s’occupe de celle qui réceptionnera le câble à Lagos.
Olaudah Equiano, figure anti-esclavagiste
Né en à Isseke, dans l’ancien royaume du Bénin, Olaudah Equiano, plus connu à son époque sous le nom de Gustave Vassa, a été tour à tour esclave (avant d’être affranchi), marin et écrivain britannique. Rendu célèbre par la publication de son autobiographie, il deviendra une figure importante du mouvement anti-esclavagiste en Grande-Bretagne.
Quelles sont les promesses du câble Equiano en termes de connexion et d’emplois ?
Il y en a beaucoup. Selon une étude d’Africa Practice et Genesis Analytics commandée par Google à l’automne dernier, le méga-câble devrait multiplier par trois la vitesse du réseau en Namibie et en Afrique du Sud, et même par cinq au Nigeria, et permettre au taux de pénétration d’internet de gagner respectivement 7 points dans ces deux derniers pays et 9 points en Namibie.
Evidemment, dans ces pays, avec la forte augmentation des débits, on s’attend également à une baisse des prix de l’internet, entre 16 et 21%.
Les conséquences pour le reste de l’économie serait alors concrètes. Côté emploi, ce serait aussi le jackpot avec près d’1,8 million d’embauches, directes ou indirectes, attendues sur le continent, tandis que les PIB des pays concernés pour gagner entre 0,3 et 0,6 points.
Néanmoins, certains professionnels africains du secteur restent dubitatifs quant aux retombées mirifiques attendues. Sur Jeune Afrique, l’un d’eux, Sunil Tagare, fondateur et patron d’OpenCables, acteur historique, exprime ses réserves : le projet de Google mais aussi le câble 2Africa de Facebook perturberaient les investissements dans les structures déjà existantes.
Quand Equiano doit-il être mis en service ?
A l’heure d’écrire ces lignes, la mise en service du câble Equiano est toujours prévue au cours du dernier trimestre de l’année 2022. Début février, la firme de Mountain View a ainsi détaillé ses plans pour l’Afrique du Sud lors du #Google4SouthAfrica, et affirmé que le câble toucherait terre dans le pays dès le mois de juin. Par ailleurs, l’opérateur africain Paratus a annoncé que le station d’atterrissement en Namibie était d’ores et déjà prête à accueillir le câble.