Beaucoup de promesses envolées. Après quatre années d’activité et 45 millions de dollars (42,5 millions d’euros) levés durant les deux dernières, la startup panafricaine de génomique 54gene met la clé sous la porte.
L’ambition de départ, pour Abasi Ene-Obong et ses co-fondateurs Ogochukwu Osifo, Damilola Oni et Gatumi Aliyu, était immense : bâtir la première banque de gènes africains du monde, à l’heure où seulement 3% du matériel génétique utilisé pour les recherches pharmaceutiques proviennent d’Afrique sub-saharienne.
Et pourtant, la direction semblait suivre un plan clair et progressif pour y parvenir, étape par étape. Après une incubation dans la Silicon Valley en 2019, au sein du prestigieux accélérateur Y Combinator, la pépite healthtech lève la coquette somme de 4,65 millions de dollars en deux tours d’amorçage. Puis arrive la pandémie de Covid-19, qui s’avèrera être tant une aubaine qu’une malédiction. Elle se jette à corps perdu dans la lutte contre la pandemie, développe le Covid-19 Testing Fund et recrute à tour de bras. Malheureusement, elle doit se séparer de 30% de son personnel une fois le gros de la pandémie passé…
La branche génomique, elle, ne chôme pas pour autant : lancement d’une filiale panafricaine, 7RiverLabs, en décembre 2021, partenariat avec l’Académie nationale des sciences et des techniques (ANST) du Sénégal pour séquencer le génome des Sénégalais en mai 2022, sans oublier les 40 millions de dollars levés en séries A et B dans le même temps.
La startup est sur tous les fronts, et c’est peut-être là le problème. Des dissensions commencent à apparaître dans l’equipe dirigeante à propos des dépenses de la startup. Une source proche du dossier a fait quelques confidences au site WeeTracker : « C’était le désordre. De nombreux procès et toutes sortes d’allégations de fraude. Il n’y avait plus de synergie, tout le monde n’était pas d’accord avec le type de dépenses que 54gene a entrepris lorsqu’elle a choisi de se lancer également dans le diagnostic du Covid, en plus de l’opération principale qui, à elle seule, est assez gourmande en capital. »
En octobre 2022, Abasi Ene-Obong, le PDG, quitte le navire sur fond de rumeurs de défauts de paiement – un départ qu’il a qualifié de “difficile et plein d’émotions”, sans en dire plus.
Il restera d’ailleurs discret jusqu’à fin septembre 2023, lorsqu’il a annoncé lancer une nouvelle startup, Syndicate Bio. Pendant ce temps-là, 54gene voit se succéder trois PDG et l’ambiance est au plus bas. TechCabal raconte même que le départ de Teresia Bost, qui avait pris le relais d’Abasi Ene-Obong fin 2022, a été causé par des disputes très animées avec un investisseur. Elle aurait d’ailleurs déposé plainte contre cinq personnes en lien avec l’entreprise.
“Malheureusement, [54gene] n’a pas pu continuer à fonctionner financièrement et a commencé à fermer ses portes en juillet 2023”, a déclaré à TechCabal Ron Chiarello, dernier PDG en date, qui avait pris son poste en mars.