Comment l’Afrique peut-elle tirer parti de la forte demande pour ses richesses minérales ?

Cet article, rédigé par Alaka Lugonzo, a été initialement publié sur le site African Arguments, à cette adresse, et traduit par Teknolojia.

Cette semaine [l’article initial a été publié début février, NDLR], le Mining Indaba débute au Cap, attirant des leaders de l’industrie, des investisseurs et des parties prenantes unis par un intérêt commun à exploiter les vastes richesses minérales de l’Afrique.

Le monde est avide des minéraux nécessaires pour alimenter la transition vers une énergie décarbonée, et les réserves importantes de l’Afrique en minéraux essentiels à cette transition – tels que le cobalt, le manganèse et le graphite – signifient que les ressources naturelles du continent font l’objet d’une énorme demande.

Les dirigeants africains y voient également une grande opportunité. Pourtant, des travaux récents de Global Witness révèlent que 71 à 81 % de la production minière de cobalt, de cuivre et de lithium sont contrôlés par des entreprises de pays riches et grands consommateurs, laissant les nations africaines au bas de la chaîne de valeur des minerais.

Néanmoins, des graines d’espoir sont semées sur le continent. La transition énergétique offre aux pays et aux communautés la possibilité de diversifier l’utilisation de l’énergie, et la délocalisation d’une plus grande partie de la chaîne de valeur pourrait débloquer des avantages économiques significatifs.

La transition énergétique offre aux pays africains une occasion unique de tirer parti de leurs richesses minérales, de forger de nouvelles alliances mondiales et de stimuler l’industrialisation et la croissance économique inclusive.

Mais comment l’Afrique peut-elle s’unir pour saisir cette opportunité ?

Tirer parti de la dynamique géopolitique

Le paysage géopolitique actuel offre également aux pays africains riches en minerais une occasion unique d’exercer une influence notable sur le commerce mondial de ces ressources.

Alors que l’industrie chinoise des minéraux critiques est bien établie, les États-Unis, l’Union européenne et d’autres grandes puissances se retrouvent en train de rattraper leur retard. Il en résulte une ruée vers de nouvelles législations et associations, telles que la loi sur les matières premières de l’UE et le partenariat pour la sécurité des minéraux, dont les États-Unis sont les fers de lance. Les pays riches en pétrole du Moyen-Orient se lancent aussi dans le financement afin d’assurer leur place dans le prochain chapitre de l’énergie mondiale.

Au milieu de ces joutes géopolitiques, l’Afrique a la possibilité d’exiger une course au sommet. Les nouveaux accords devraient aller au-delà des modèles d’extraction traditionnels et se concentrer sur la valeur ajoutée et l’investissement dans les communautés locales. Le transfert de technologie et le renforcement des compétences locales devraient être une composante obligatoire de tout nouveau projet, garantissant l’utilisation des techniques minières les plus avancées et les moins nocives pour l’environnement, ainsi que le respect des droits de l’homme et des droits du travail.

En outre, l’Afrique a la possibilité de donner la priorité à ses propres ambitions en matière d’énergie, afin de garantir que les pays africains bénéficient de technologies à consommation nette zéro et qu’ils puissent parvenir à une électrification à faible émission de carbone pour les communautés à long terme.

Meilleure position dans la négociation

La concrétisation de ces résultats nécessitera à la fois de la coopération et de la vision. La stratégie africaine des minéraux verts, qui s’inspire de l’épine dorsale de la Vision africaine de l’exploitation minière, fournit un modèle pour l’établissement et l’application de cadres de gouvernance des ressources qui peuvent aller au-delà des frontières d’un seul pays.

Pour concrétiser cette vision, les efforts et les ressources doivent se concentrer sur le renforcement de la transparence et de la responsabilité afin de lutter contre la corruption, d’attirer des investissements de qualité sur le long terme et de veiller à ce que les richesses minérales profitent aux citoyens.

De nombreux autres pays riches en ressources naturelles se trouvent dans une situation similaire lorsqu’ils négocient des accords commerciaux avec des puissances mondiales pour leurs minéraux et déterminent comment leurs ressources naturelles façonneront leurs économies futures. La création d’alliances stratégiques et le partage des connaissances avec d’autres pays riches en ressources naturelles permettront d’accroître le pouvoir de négociation et de favoriser une transition énergétique plus équitable et plus juste.

Le Mining Indaba qui se tient au Cap offre une plateforme pour se réunir et discuter de l’importance de la coopération pour atteindre les objectifs clés d’un véritable partage des bénéfices, de la consultation et de l’implication des communautés, et de l’électrification universelle en cette période de décarbonation et de transition énergétique.

Sous le regard du monde, c’est aussi le moment opportun pour les autres puissances mondiales de reconnaître le droit de l’Afrique à une part juste et équitable de ses propres ressources minérales, ainsi que son droit à préserver son avenir environnemental et économique.

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