Dans le monde, près de 2,2 milliards de jeunes de moins de 25 ans n’ont pas d’accès à internet à la maison. C’est le principal enseignement du dernier rapport co-écrit par l’Unicef et l’Union internationale des télécommunications et publié le 1er décembre. Mais évidemment, les disparités régionales sont fortes. Regardons ce qu’il en est en Afrique.
« Les disparités les plus importantes en matière d’accès à l’internet à domicile sont observées chez les enfants et les jeunes dans les pays d’Afrique subsaharienne, notamment en termes de richesse des ménages et de résidence dans les zones rurales par rapport aux zones urbaines », note d’emblée l’étude. Selon les données fournies par le document, 642 millions de jeunes de moins de 25 ans en Afrique subsaharienne n’auraient pas accès à la toile depuis leur domicile, soit 90% de toute cette tranche d’âge. Si l’on se réfère à l’Afrique de l’Ouest et centrale seules, ce pourcentage monte à 95%.
Les revenus du foyer ont évidemment un impact direct sur la possibilité de se connecter : si l’on considère toujours la zone Afrique de l’Ouest / Afrique centrale, dans les familles les plus aisées, l’accès à internet pour les plus jeunes est une réalité pour 16% d’entre eux, contre seulement 1% dans les familles les plus pauvres. Au Togo, l’un des pays de la zone offrant le meilleur accès, l’écart augmente pour atteindre un ratio 58% / 12%.
Enfin comme toujours lorsque l’on parle de connexion, l’écart ville / campagne est là aussi manifeste : en Afrique de l’Est et australe, les jeunes des villes ont un accès quatre fois supérieur à leurs camarades habitant les zones rurales.
Un obstacle à l’éducation et à l’emploi
« Cette fracture numérique compromet considérablement la capacité des jeunes appartenant aux ménages pauvres des zones rurales à acquérir les compétences nécessaires pour se construire un avenir meilleur », notent les auteurs du rapport. Et c’est une question plus problématique encore en temps de pandémie, alors qu’internet fait figure, partout dans le monde, de bouée de sauvetage de l’éducation. « Le manque de connectivité parmi les populations les plus marginalisées […] élimine pratiquement toute chance qu’ils pourraient avoir de participer à l’économie moderne », ajoute la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore.
En ce qui concerne l’éducation, à ce manque cruel de connectivité, s’ajoutent d’autres obstacles, identifiés notamment dans un sondage publié en septembre par la plateforme eLearning Africa portant sur plus de 1600 personnels de l’éducation et spécialistes des nouvelles technologies en Afrique : environnement inadapté à l’apprentissage en ligne, manque de supports pédagogiques, enseignants peu formés aux nouveaux usages. Néanmoins, pour plus de la majorité des professionnels interrogés, la pandémie actuel est l’occasion de rattraper le retard de l’Afrique dans ce domaine. Encore faut-il que l’Afrique soit correctement reliée au reste du monde. (Photo : Eugene Malaka / CC)
► Lire également : En Afrique, des expériences d’enseignement à distance encourageantes durant la pandémie