Des ballons géants apportant internet par les airs : le projet de Google était excitant, mais visiblement pas très viable. La filiale d’Alphabet, la maison-mère de Google, vient d’annoncer qu’elle mettait fin à ses activités. Ses « ballons à internet » avaient pourtant suscité un certain engouement, avec la promesse d’apporter la connexion dans les régions les plus reculées. Une nouvelle qui concerne beaucoup l’Afrique, et particulièrement le Kenya.
Dans un billet de blog en date du 22 janvier, Astro Teller, le directeur du laboratoire Google X, a rendu publique la mauvaise nouvelle : « Malheureusement, malgré les réalisations techniques révolutionnaires de l’équipe au cours des neuf dernières années – faire beaucoup de choses que l’on croyait impossibles auparavant, comme guider précisément les ballons dans la stratosphère, créer un réseau maillé dans le ciel ou développer des ballons qui peuvent résister aux conditions difficiles de la stratosphère pendant plus d’un an – la route vers la viabilité commerciale s’est avérée beaucoup plus longue et plus risquée qu’on ne l’espérait. »
Le Kenya en première ligne
Le projet Loon est né en 2013. Un projet un peu fou qui, comme le rappelle Numerama, avait d’emblée été critiqué par Bill Gates, qui arguait que les lubies de Google étaient loin des besoins et des sujets de préoccupation de l’Afrique.
S’ensuivit une kyrielle de déploiements pour montrer l’efficacité de la technologie. Cela a commencé par la Nouvelle-Zélande, avec une trentaine de ballons. Puis le Brésil. En 2014, Loon (encore appelé Loon Project) signe un partenariat avec le Centre national d’études spatiales en France. Le Cnes devait notamment contribuer aux « analyses de vols ainsi qu’au développement d’une nouvelle génération de ballons ». Mais toujours pas de partenariat commercial. On verra en revanche ses ballons dans le ciel de Porto Rico, en octobre 2017, pour apporter de la connexion aux habitants après le passage d’un ouragan dévastateur.
Il faudra attendre la fin de la décennie pour qu’un réel déploiement commercial des ballons de Loon ait lieu. Ce sera au Kenya, où une flotte de 35 ballons était encore en cours de déploiement au moment de l’annonce de la fin du programme. Un accord noué avec Telkom Kenya. En pleine pandémie, les autorités kényanes avaient autorisé ces ballons à survoler l’espace aérien commercial national afin de répandre la 4G sur une plus grande partie du territoire.
We’re sad to share that Loon’s journey is coming to an end. Thank you to everyone who believed in us and our mission of connecting people everywhere. https://t.co/1KlxdZdKpC
— Loon (@Loon4all) January 22, 2021
Le nouveau pari Taara
Les ingénieurs de Google vont-ils s’arrêter sur cet échec ? Comme nous vous l’expliquions il y a peu, ils développent déjà un autre projet, notamment en Afrique, dénommé Taara, visant également à apporter internet, mais cette fois par la lumière. Une partie de la technologie de Loon se trouve déjà dans ce nouveau projet. Et selon Astro Teller, les équipes de Taara sont en train de nouer de nouveaux partenariats en Afrique subsaharienne pour offrir un accès internet à haut débit à un prix abordable « aux communautés non connectées ou sous-connectées ». Un projet chasse donc l’autre.
En attendant, la firme de Mountain View s’est engagée à verser 10 millions de dollars pour soutenir les organisations à but non lucratif et les entreprises axées sur la connectivité, l’internet, l’entrepreneuriat et l’éducation au Kenya. (Photos : Loon)