Médias ouest-africains et numérique : lost in transition

« Le nouveau challenge des médias sénégalais et africains, c’est d’exister en s’adaptant au numérique tout en garantissant une information de qualité, crédible, accessible en mode multi-supports. » Cheikh Fall, activiste aux multiples casquettes, décortique, dans un article intitulé « Médias en Afrique : relever les défis du journalisme numérique ou disparaître ? » ce qui doit changer dans les médias privés et publics d’Afrique de l’Ouest. Une lecture chaudement conseillée, cette semaine, par l’association de protection de l’information Nothing2Hide.

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Le blogueur y dresse un terne bilan de l’état des médias institués dans la sous-région : disparition du quotidien Le Populaire au Sénégal, départs forcés dans le groupe de presse sénégalais Walfadjiri, journalisme de communiqués au Bénin… Exemple frappant, lors du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso, « seuls 14% déclarent avoir appris la nouvelle par le canal des médias classiques », contre 43,5% via Facebook.

L’instantanéité des réseaux sociaux et autres applications de messageries dépasse complètement les médias classiques qui attendent souvent qu’une information soit relayée par des médias internationaux comme RFI ou France 24 et ne la publient qu’une fois qu’elle est « vieille de plusieurs jours », déplore l’auteur. « Cette forme de légèreté dans le travail a fini par pousser le public à consommer directement les informations étrangères sur les questions qui concernent leurs propres pays.» Sur place, ce vide temporel est donc rempli par les blogueurs et « journalistes citoyens », de plus en plus repris par les médias classiques, observe Cheikh Fall. Le serpent se mord la queue.

Manque de formation

Quelle différence avec la presse des pays développés, elle aussi en sérieuse crise de confiance ? D’abord, les médias ouest-africains se font rares sur les plateformes numériques, si l’on en croit l’état des lieux résumé par l’auteur au Togo, en Guinée, au Burkina Faso et au Sénégal. Ensuite, les journalistes ouest-africains sont peu formés aux outils du journalisme numérique, particulièrement au fact-checking. Mais, surtout, ils manque une stratégie numérique : « 80% des médias de la sous-région que nous avons consultés pensent qu’ils ont intégré le digital dans leur dispositif parce qu’ils disent détenir une page Facebook, un compte Twitter et une chaîne Youtube. »

L’auteur de ce long article se lance alors dans un planning en trois étapes pour intégrer une vision du numérique dans les médias ouest-africains, que nous ne pouvons développer ici. Nous retiendrons ces quatre conseils :

  • Construire une communauté.
  • Apprendre à utiliser les outils de veille, de fact-checking et de diffusion.
  • Collaborer avec d’autres acteurs (autres médias, blogueurs, activistes, journalistes citoyens) en prenant exemple sur le projet #Sunu2012 au Sénégal.
  • Recruter de nouveaux profils rompus aux pratiques du web et former les équipes existantes, même les plus réfractaires. (Photo : Jacquitoz / CC)

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