Mobile money : la taxe qui passe mal au Cameroun… et ailleurs

La CAN, qui vient de débuter, va-t-elle apaiser la grogne ? C’est peu probable. Car l’entrée en vigueur d’une taxe de 0,2% sur chaque opération d’envoi ou de retrait d’argent mobile, via les opérateurs, a beaucoup de mal à passer auprès des usagers, qui ont sonné la mobilisation.

Celle-ci a pris diverses formes. Elle s’est exprimée, bien sûr, sur les réseaux sociaux. Nos confrères d’Afriques connectées ont ainsi relevé qu’en 72 heures, après l’instauration de la taxe, près de 12 000 tweets, avec les hashtags #EndMobileMoneyTax et #WeSayNo, ont été publiés.

Une contestation connectée qui rappelle celle, en octobre 2020, qui avait entouré le projet d’instaurer, au Cameroun là encore, des “droits de douanes et taxes sur les téléphones et terminaux importés”. Un projet d’ailleurs tué dans l’œuf grâce à la mobilisation de nombreux citoyens sur et en dehors de la toile. Mais là, le scénario ne fut pas le même.


Cette nouvelle taxe, « non seulement touche les couches sociales les plus pauvres, mais elle fait [aussi] une entorse à la mobilité financière dans un pays où les moyens de déplacement ne sont pas évidents », dénonce le fiscaliste Pierre Alaka Alaka. Sur Twitter, Rebecca Enonchong, entrepreneuse camerounaise et figure de la scène tech africaine, ne dit pas autre chose : « C’est une taxe contre l’innovation. C’est une taxe contre les pauvres. »

Une mode sur le continent

Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes griefs qui sont retenus contre ce type de taxes ayant bourgeonné sur le continent. Le Zimbabwe a par exemple la sienne. D’autre pays l’envisagent très sérieusement : la pandémie, en affectant durement l’activité économique (baisse du commerce international, confinements…) a plombé les recettes fiscales de biens des Etats sur le continent qui voient désormais dans la finance mobile une manière d’amortir la chute.

Le Ghana, qui a déjà une taxe de 5% sur les télécommunications mobile, aimerait lui en rajouter une d’1,75% sur les transferts d’argent. Comme au Cameroun, le projet a provoqué une levée de boucliers. La e-levy est fustigé par les usagers, mais aussi une partie de la classe politique ainsi que par les gérants des points de service d’argent mobile, qui ont fait grève le 26 décembre dernier. Le processus d’étude parlementaire est déjà lancé, et on saura, le 18 janvier prochain, si cette taxe débute bien ce début d’année.

Face à une telle boulimie, les protestations aboutissent rarement à une suppression pure et simple mais souvent, comme au Tanzanie ou en Ouganda, à une révision à la baisse du taux d’imposition. Surtout, on ne compte plus les effets délétères, au premier rang desquels le ralentissement de l’inclusion financière. Une promesse, pourtant, du mobile money.

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