Si la pandémie et la guerre en Ukraine nous rappellent qu’il est difficile de savoir de quoi demain sera fait, on peut déjà parier que le continent paiera cher son retard dans un domaine : l’acquisition des compétences numériques par sa jeunesse. C’est un tout récent rapport de l’Unicef qui l’indique. Cette acquisition « a pris une importance croissante sur le marché du travail ainsi que dans d’autres aspects de la vie », rappelle l’agence onusienne. Mais dans le meilleur des cas, « moins d’un tiers des jeunes d’Afrique de l’Est, d’Afrique de l’Ouest et australe possèdent les compétences numériques nécessaires pour mener à bien des activités informatiques de base ». La moyenne des pourcentages tourne même entre 6 et 8%.
La première des raisons, évidemment, est le sous-équipement et l’absence d’accès à internet à domicile. Dans les pays à faibles revenus, seulement 8% de jeunes ont cette chance, contre 37%, en moyenne, dans le monde.
Un problème bien identifié par certains Etats africains, qui ont décidé de tout miser sur l’école. C’est le cas du Kenya, qui va inscrire l’apprentissage du code dans les écoles primaires et secondaires, mais aussi et surtout de l’Afrique du Sud, qui affiche sans doute le programme le plus ambitieux du continent dans ce domaine.
Tout récemment, Pretoria a décidé mettre la robotique et le codage au programme scolaire pour les plus jeunes, dès l’année prochaine (grosso modo, dès 7 ans). Un programme pilote pour ces matières avait été introduit – avec succès – au troisième trimestre de l’année scolaire 2021, dans certaines écoles. L’objectif ? Initier les enfants à la culture numérique dès le plus jeune âge pour les faire aller, ensuite, vers des secteurs encore en jachère actuellement mais qui seront leur quotidien, à la maison comme au travail, demain : l’Internet des objets, l’intelligence artificielle ou encore la réalité augmentée.
Autre donnée qu’a tenté d’extraire l’Unicef, et qui nous intéresse : l’état de compétences entrepreneuriales (mix entre pensée critique et capacités à communiquer ou à résoudre des problèmes). Sur ce plan, l’écart entre le continent et les pays développés est moins important, même si les jeunes Européens, par exemple, sont presque deux fois mieux formés que leurs homologues d’Afrique de l’Ouest. La conclusion générale est implacable : près des trois quarts des jeunes âgés de 15 à 24 ans dans plus de 90 pays analysés ne sont pas en mesure d’acquérir les compétences nécessaires à l’emploi…