Blocages en série de sites d’information en Algérie

L’Algérie avait déjà, en 2019, conquis un triste trophée : la palme du plus grand censeur d’Afrique. L’année dernière, en effet, les autorités algériennes ont procédé à pas moins de six coupures majeures d’internet dans le pays.

2020 repart sur des bases semblables. En l’espace d’une dizaine de jours, trois sites d’information ont été bloqué. Cela a commencé par ceux des médias Maghreb émergent et Radio M, le 9 avril dernier. « Il s’agit d’une censure politique comme celle qu’ont subi nos confrères de TSA en 2017 et en 2019 et 2020 », affirmait alors Maghreb émergent, dans un communiqué.

« Le blocage [des deux sites] aujourd’hui correspond à la pire séquence de répression de la liberté de la presse qu’aura connue l’Algérie depuis les assassinats de journalistes dans les années 90 », poursuivait le médias, mentionnant notamment l’arrestation du journaliste Khaled Drareni (qui est d’ailleurs toujours incarcéré à l’heure où nos écrivons ces lignes).

A peine une semaine plus tard, ce fut au tour du site d’information Interlignes de connaître pareille mésaventure. Ce n’était d’ailleurs en rien une première pour le média, qui fut déjà bloqué en juillet 2019.

Condamnations à la chaîne

Sur RFI, Belkacem Mostefaoui, professeur à l’Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l’information, rejoint l’analyse de Maghreb émergent, estimant que ces blocages « semblent indiquer une volonté de reprise en main de la sphère médiatique par le pouvoir ».

Cette censure a été vivement condamnée par les organisations de défense des journalistes. « Lorsque les autorités algériennes censurent arbitrairement les médias d’information simplement parce qu’ils n’aiment pas être contrôlés, elles montrent exactement pourquoi les lois qui assimilent le reportage à un acte criminel sont plus que susceptibles d’être contournées et constituent une grave menace pour la liberté de la presse », estime ainsi Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord pour le CPJ américain.

De leur côté, les autorités algériennes n’ont pas réagi, si ce n’est pour souligner, il y a deux semaines, que Radio M recevait de l’argent de l’étranger, ce qui est interdit.

Loi anti-fake news

Ces blocages interviennent en tout cas alors que le Parlement vient d’adopter une législation visant à « criminaliser » la diffusion des fausses informations sur internet « portant atteinte à l’ordre et à la sécurité publics ». Des dispositions qui inquiètent plusieurs ONG et partis, alors que le mouvement de contestation dit du Hirak est en sourdine, en raison de l’épidémie de Covid-19. 

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