Au Ghana, l’inclusion numérique des femmes doit encore progresser

Le numérique, moteur de l’émancipation de l’individu ? Oui. Encore faut-il y avoir accès de la même façon. Les inégalités sont en vérité nombreuses : entre pays riches et pays pauvres, entre générations, entre classes sociales, et aussi entre sexes. Et dans les pays en développement, ces écarts sont souvent exacerbés, vient nous rappeler le dernier rapport de la Web Foundation, dans lequel 10 000 hommes et femmes, habitants dans quatre pays du Sud (Colombie, Indonésie, Ghana et Ouganda) ont été interrogés. Il ressort de cette étude que si certains indicateurs semblent de prime abord quelque peu rassurants, les inégalités entre sexes face au numérique persistent à de multiples degrés.

Arrêtons-nous sur le cas du Ghana, qui dans le domaine a fait des progrès : plus de 29% des Ghanéennes sont en ligne, contre 20% il y a encore quatre ans – le taux de pénétration d’internet étant figé à 30%.

De manière générale, en termes d’accès pur, d’accès « basique » dirons-nous, les chiffres avancés dans l’étude ne sont pas si mauvais. Trois des quatre pays ont des écarts ne dépassant par les 6%. Seule l’Ouganda fait un score bien peu glorieux, avec un décrochage de près de 43%. Un chiffre pourtant en dessous de celui du continent : 50%. Le Ghana lui affiche un honorable 5,8%.

Mais derrière ces premiers chiffres, d’autres sont moins réjouissants. Car même dans un pays comme le Ghana, lorsque l’on creuse un peu – ce qu’a fait la Web Foundation -, on se rend compte qu’hommes et femmes n’ont pas droit à la même connexion. En termes d’accès à une connexion « significative » (quotidienne, 4G, par smartphone), l’écart entre hommes et femmes se creuse.

Dans les campagnes ghanéennes, obstacles à une connexion de qualité sont depuis longtemps identifiés mais demeurent : peu ou pas de services, et quand il y en a, le coût d’accès est trop important.

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Ce coût a aussi un impact sur la capacité à accéder à des informations fiables, s’inquiète l’organisation. « Il est particulièrement important de pouvoir déterminer la crédibilité des informations au Ghana […] où il existe des lois et des règlements qui peuvent être utilisés pour criminaliser la création ou le partage de fausses informations et de désinformation. » Or au Ghana, le rapport révèle « une relation significative entre les niveaux de revenus et la probabilité que les individus vérifient les informations en ligne ».

Une parole confisquée

Enfin derrière les chiffres froids de la connexion, il y a la pratique. Et là encore, il y a du travail pour résorber les inégalités, insiste la Web Foundation. Dans les quatre pays étudiés, la production de contenu est largement une affaire d’hommes. Ils sont 29% plus nombreux à poster ou commenter sur les réseaux sociaux, 22% à s’exprimer sur des blogs.

Au-delà de la qualité de l’internet proposé aux femmes, qui est indéniablement à améliorer, les pouvoirs publics doivent donc permettre des changements de fonds dans la manière d’utiliser la toile. Et cela passe notamment pas un gros effort de formation. (Photo : Owula kpakpo / Flickr / CC)

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